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Une richesse à chouchouter : l’eau

Il n’y a pas beaucoup d’hommes politiques dont les discours soient repris 50 après. C’est le cas de René Dumont, candidat écologiste à l'élection présidentielle de 1974. Ses interventions télévisées sont reprises aujourd'hui dans les réseaux sociaux, Il semble parfaitement adapté à l'actualité de 2024. Il s'agit de l'eau douce. Il nous alertait sur la pénurie de cette ressource vitale, En buvant un verre de ce précieux breuvage en guise de campagne électorale..

La question de l’eau revient au premier plan de l’actualité avec les sècheresses et les inondations qui se multiplient depuis quelques années, mais elle a toujours existé et fait l’objet d’un report à plus tard en ce qui concerne les mesures à prendre. Dommage car la France s’était dotée très tôt, dès 1964, d’un outil puissant pour mener une politique volontariste en la matière, avec la création des agences de l’eau et des comités de bassin, ainsi que l’introduction du principe « pollueur-payeur ». Des progrès réels ont été enregistrés d’un côté, notamment l’industrie et l’assainissement, mais une dégradation aussi, avec l’extension des surfaces imperméabilisées, et le développement de techniques agricoles de plus en plus gourmandes en eau, comme la culture du maïs dont les besoins se font sentir en plein été. Les 2/3 de l’eau consommée aujourd’hui relèvent de l’agriculture (. Ajoutons que les réseaux ont vieilli, ce qui provoque de plus en plus de fuites, évaluées aujourd’hui en moyenne à 20% du volume d’eau distribué.
Inconséquence ou insouciance du côté des usages, et ressource disponible en baisse du fait du changement climatique. Une baisse de 14% en quinze ans, et une tendance à l’accélération du phénomène. Une baisse en volume, et irrégularité dans la répartition. De plus en plus de déficit ici, comme dans les Pyrénées orientales, et excès ailleurs comme dans le Pas de Calais.

Heureusement, la nature a prévu des dispositifs de régulation, obstacles à l’écoulement des eaux pour qu’elles s’infiltrent, zones humides et tourbières qui agissent en « éponges » et stockent l’eau à leur manière, mais ces capacités naturelles et gratuites de rétention de l’eau ont été réduites avec une persévérance redoutable, et les nappes ont été polluées, y compris les plus protégées comme celles productrices d’eaux minérales.

France Stratégie nous rappelle dans une récente note d’analyse (1) qu’une bonne partie de nos prélèvements d’eau est restituée au milieu après usage. Pas de perte en quantité, mais en qualité puisqu'elle est alors chargée de polluants divers et souvent plus chaude, notamment celle qui sert au refroidissement des centrales nucléaires. Quant à l'eau consommée, celle qui disparaît après usage, dont une bonne partie, 20% environ par évaporation, 12% est d’usage domestique, consommée par les ménages, et 62% est consacrée à l’agriculture, l’irrigation principalement. Un secteur curieusement exonéré de tout effort, exclu notamment du plan eau, lancé par le gouvernement le 30 mars 2023 pour prendre à bras-le-corps cette question de l'eau.

Comme en matière d'énergie, C'est dans la sobriété que se trouve une partie de la solution. Des pratiques très simples, comme la pose de mousseurs sur les robinets, et parfois très savantes, comme la recherche agronomique de variétés peu exigeantes en eau. Un autre volet consiste de la préservation des capacités naturelles de stockage de l'eau, ou leur restauration. La multiplication des haies, par exemple, qui à la fois retient l'eau et favorise son infiltration dans les nappes, est un exemple bien connu de ce type de pratique, et qui en plus contribue au maintien de la diversité biologique. La restauration des tourbières en est un autre exemple, avec comme co-bénéfice une aptitude à séquestrer le carbone. Eau, énergie, climat et biodiversité, même combat.

Edito du 24 avril 2024

 

1 - Note d’analyse d’avril 2024 n° 136 : « Prélèvements et consommations d’eau : quels enjeux et usages ? » de France Stratégie 

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