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La libération de Paris

Un invité particulier cette semaine, la libération de Paris, le 25 août 1944. Le développement durable se construit notamment à partir des leçons du passé, et il faut se méfier des réinterprétations dont l’objectif serait de faire durer la situation présente et d’empêcher d’explorer d’autres voies de développement. La libération de Paris offre une parfaite illustration de la manière dont l’histoire est réécrite. La lecture des archives du COMAC (Comité d’Action Militaire du Conseil National de la Résistance), publiées en 1964, permet de revenir aux sources de l’histoire.

 

 

La promesse d'un monde meilleur portée à la fin de la guerre par les valeurs de la Résistance a été ternie par le mensonge et une réécriture de l'Histoire. Si cela ne nous a pas permis d’accéder à ce monde meilleur rêvé de notre enfance, cela a aussi éloigné la jeunesse des valeurs de la République et de la politique. Ceux qui, hier avaient gagné la bataille de la Libération ne sont plus ceux d'aujourd'hui.
Le Comac, le comité d'action militaire clandestine, a « décidé, organisé et imposé » l'insurrection de Paris. Le rôle de ce véritable ministère de la guerre à trois têtes, (les 3 V) est largement méconnu. L'histoire officielle a ainsi pu être ajustée à la volonté de certains partis politiques souhaitant se prévaloir de la Libération de Paris comme de l'importance de leur rôle dans la Résistance. L'histoire des trois V n'a ainsi jamais été racontée. Villon, Valrimont et Vogüe comptent parmi les oubliés de l'Histoire.
Sous l'autorité du CNR (Conseil National de la Résistance) le Comac a mis en œuvre des comités départementaux de libération (CDL), formés par les mouvements, partis et syndicats, en action sur le territoire. Ces comités départementaux ont assuré provisoirement la représentation, la permanence de l'État républicain. Ce sont eux qui ont permis avec l'insurrection de Paris, au général de Gaulle, d'affirmer l'indépendance de la France et d'éviter l'administration directe par les américains.
Pendant la période décisive de l'insurrection parisienne, le Comac est présent dans les différents centres de commandement, notamment à Paris et en Ile-de-France. C'est cette présence au plus près des combattants qui va leur permettre de jouer un rôle central dans la Libération de Paris.
Il faut, pour comprendre cette période cruciale rappeler que les représentants du Gouvernement provisoire décident d'une trêve sans en prévenir tous les membres du CNR, le Comac et l'état-major des FFI.
Lors de la réunion qui rassemble les représentants du gouvernement provisoire (Parodi et Chaban-Delmas) le CNR, les 3 du Comac, le 21 août 1944, au 8 av du Parc Montsouris, la trêve est définitivement repoussée grâce au Comac et non pas décidée par deux personnages douteux (Nordling et Von Choltitz) ou par les alliés qui auraient aimé être les seuls libérateurs de Paris.
Le 22 août, juste après cette réunion décisive, les barricades s'installent partout empêchant les chars de circuler dans Paris et par là, sauvant Paris de la destruction bel et bien programmée par le « boucher de Sébastopol » qui a tué autant de français qu'il a pu, Von Choltitz.
Si la trêve avait été acceptée, le Général de Gaulle aurait-il pu prononcer son discours : ... «  Paris martyrisé… mais Paris libéré par lui-même, par son peuple... » ?
Paris s'unit quand l'essentiel est en jeu, à l'appel du Comac et du texte lu à la radio, tous les quarts d'heure, par Pierre Crenesse. Les Parisiennes et les Parisiens n'attendirent pas, en 1944 l'arrivée des forces alliées pour se libérer de l'occupant nazi.
Ce que les trois V, Villon, de Vogüe, Valrimont, sont arrivés à accomplir : le rassemblement de la population toute entière, doit être raconté à la jeunesse pour pouvoir affronter les problèmes à venir. C’est ce type de rassemblement dont nous aurions besoin aujourd’hui pour s’engager sur la voie du développement durable, et affronter les intérêts établis qui voudraient que « tout soit comme avant ».
Dommage que le film « Paris Brule-t-il » soit présenté le 25 août sur les murs de l’Hôtel de Ville, cette fiction dont le réalisateur René Clément disait : « ce n'est pas un film mais une intense partie diplomatique », où l'histoire de l'insurrection d'août 1944 à Paris avait été remodelée au profit des hommes au pouvoir. Un film qui avait, à sa sortie en 1966, soulevé de vives protestations de ceux (hommes et associations) qui avait participé à la libération de Paris. Comment accepter de faire un héros du boucher de Sébastopol, Von Choltitz, le général qui n'a pas brûlé Paris malgré les ordres d'Hitler ? La libération de Paris mérite mieux que cela, avec sa véritable histoire, encouragement au dépassement des rivalités pour franchir une étape essentielle.

 

Il a fallu presque trois quarts de siècle pour que soit reconnu l’action du COMAC. Rendez-vous le samedi 25 août 2018 à 14 heures sur la façade de l’immeuble sis 8 avenue René Coty à Paris (auparavant avenue du Parc Montsouris)

 
 
 
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