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Grand débat et politique forestière

Contestation sur la conversion au bois de la centrale au charbon de Gardanne (Bouches du Rhône), incendie criminel des installations d’une entreprise de travaux forestiers (Mécafor) à Ussel (Corrèze) : Le bois énergie et la politique forestière font débat. Un dossier à verser dans le Grand débat, au titre de son volet transition écologique. Voici l’avis d’un expert, Yves Poss.

Au moment s’engage un grand débat national, ne serait-ce pas le moment d’examiner les objectifs de la politique forestière ? Est-il pertinent d’afficher, contre une sensibilité partagée de la société, un objectif de récolte accrue (qui ne se concrétise pas) ?
Je suggèrerais, pour ma part, et dans le contexte urgent du changement climatique, de mettre en priorité une gestion de l’ensemble des forêts françaises, en particulier métropolitaines. Ce qui renverrait chacun à sa responsabilité de propriétaire, qui n’existe pas avec l’objectif global de récolte : il s’agirait d’appeler tout détenteur de parcelle boisée à gérer, dans les faits, son patrimoine. 
Sans mettre en première ligne la récolte : elle sera une conséquence. Car qui parle gestion, et durabilité de la forêt, doit nécessairement apprécier la densité de son peuplement, et anticiper sa régénération : les coupes d’amélioration et de régénération deviennent les conséquences de la prise en considération d’une bonne gestion.
De plus, il faudrait, non pas apporter les conclusions, mais ouvrir un large débat sur la meilleure manière, pour les forestiers, de contenir l’effet de serre, et d’anticiper le changement climatique : 
- accroître la captation de gaz carbonique avec des peuplements à forte croissance, 
- stocker le carbone en forêt, dans les parties aériennes ou souterraines, 
- stocker dans les produits en bois, sciages ou papier, 
- éclaircir les peuplements pour que chaque tige résiste mieux aux sécheresses annoncées,
- faire évoluer la composition des peuplements pour qu’ils supportent les nouvelles conditions stationnelles,
- etc.
Les pistes à suivre sont diverses, et méritent d’être connues, appréciées selon les situations.
Avec un discours partagé sur une forêt mieux gérée, au bénéfice anticipé des générations à venir, il est, à mon sens, fort probable qu’une implication collective aurait plus de chance d’émerger, et finalement de provoquer la récolte qui est, actuellement et bien vainement, seulement invoquée.
L’attrait pour la forêt de nos concitoyens est manifeste : les professionnels se doivent d’offrir un discours qui puisse être compris, partagé, approprié. Ce n’est pas le cas avec un objectif de récolte : celui-ci ne peut être que l’effet d’une bonne gestion.
Je suis convaincu qu’il faudrait accepter d’entendre les incompréhensions…
 

possYves Poss

 
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