A propos de la conférence nationale des territoires
La vision binaire d’une France métropolitaine qui marche et d’une France périphérique à la dérive est fausse. Rodez est toujours à plus de 7 heures de Paris en train et n’a qu’entre 4 et 5 % de chômage. Pourquoi ? Il y a tout un travail entre le monde de l’éduction et les entreprises pour des formations en lien avec le monde économique. La difficulté des petites et moyennes villes est dû en partie au passage d’une société de sédentaires à une société de la mobilité à partir des années 60. Nous sommes dans un monde : incertain complexe, instable et vulnérable.
On veut choisir sa vie, sa famille, ses amis, son travail, son quartier, son logement. On a besoin de se raconter et cela n’est pas du tout anecdotique : au contraire, c’est essentiel.
Il faut porter une réflexion plus large sur les usages. Habitat, bien sûr, mais également espace public, mobilité, mutations du travail, bien-être. Autant de thèmes profondément imbriqués dont les élus et les services doivent s’emparer pour construire une ville hospitalière, capable de maintenir et de produire du lien social à tous les âges et dans tous les domaines de la vie.
Analyser les usages : représente l’opportunité de nous interroger collectivement sur la production de documents souvent illisibles.
Dans une société où les parcours de vie sont de plus en plus singuliers et les besoins toujours plus spécifiques, comment répondre aux besoins de chacun tout en maintenant du lien social ?
Comment nos documents peuvent-ils humaniser les relations sociales, les relations de travail et les autres ? Quels outils peut-on mettre en place pour orienter la programmation vers une programmation éthique et durable, une programmation en phase avec le territoire et ses habitants, qui soit une réponse à des besoins spécifiques mais qui n’isole pas les individus les uns des autres, qui réponde aux attentes d’aujourd’hui sans hypothéquer celles de demain, qui laisse de la place à la rencontre, à l’incertitude et à l’hétérogène, qui inclue dans un même mouvement le souci de soi et celui des autres.
On n’habite pas un SCOT, un PLUI, un PLH ou un PDU, mais une commune, un quartier, un paysage, une rue, une ambiance, un patrimoine. On a d’abord une vision sensible du lieu où l’on est.
Ensuite dans une société de réseaux et en réseaux les limites territoriales deviennent floues. L’organisation des collectivités locales est toujours par des associations en fonction de l’importance territoriale : petites villes, ville moyennes, métropoles avec la France urbaine, association des départements et des régions. Or une métropole marche bien aussi parce que son Hinterland en tire bénéfice. L’exemple des métropoles de Brest et de Rennes en sont un exemple. C’est l’alliance des territoires qui permet à la Bretagne d’avoir par rapport à d’autres régions le développement d’une solidarité humaine et territoriale forte même si tout n’est pas parfait (ex : le fait que le TER qui va de ST Malo à Rennes puisse s’arrêter au nord de Rennes et se trouver en lien avec le métro permet à des personnes qui travaillent à l’hôpital ou au département ou dans des entreprises au nord de la métropole d’habiter en dehors de la métropole si telle est leur désir). Mais aujourd’hui Il faut aller plus loin. Les cadres de ces 2 métropoles bretonnes doivent en partie avec ceux de la région être des cadres inter-territoire (par exemple dans le domaine économique, mais aussi entre des agglomérations par exemple Rennes et Vitré ou Fougères. La question fondamentale est la suivante : les élus sont-ils capables d’accepter cette évolution ? à L’heure ou beaucoup d’élus ne jurent que par la smart city ou la ville durable ils seraient bien aussi qu’ils comprennent que leur territoire administratif n’est plus toujours la référence de nos concitoyens et que ceux-ci naviguent dans cette société de la mobilité sur des espaces beaucoup plus larges. De la même façon il n’est plus possible de différencier les délégations entre l’environnement et l’économie. Il en va de notre capacité à mieux habiter la terre. Voilà des questions qui seront au cœur des futures élections municipales.
Jean-Yves Chapuis
consultant en stratégie urbaine,
ancien élu à Rennes et Rennes Métropole dans le domaine de l’urbanisme.
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