Banc
Le développement durable tient souvent à peu de choses, comme les bancs dans les espaces publics. Une approche modeste qui ne suffit pas, mais qu'il ne faut pas négliger.
Popularisés par Georges Brassens, les bancs publics sont une bonne entrée dans la matière du développement durable. On en trouve de moins en moins, et c’est bien dommage, car ils constituent un moyen efficace et peu onéreux d’apporter de la convivialité dans la ville.
Le fameux volet social du développement durable vise à lutter contre toutes les formes d’exclusion. Il en est une promise à un bel avenir, celle des vieux, dont le nombre s’accroît régulièrement. Le collectif Combattre l'isolement (1), constitué de huit associations dédiées à l'entraide et à la lutte contre l'exclusion, a mené une grande enquête auprès de 5.000 personnes âgées de 60 ans et plus. Il s’agissait de mieux comprendre comment l'isolement engendre un sentiment de solitude, facteur aggravant d'exclusion et de souffrance.
Cette étude met en évidence le problème du confinement à domicile. Un problème d’autant plus grave qu’il survient progressivement, sans crier garde. La perte de capacité à se déplacer tient à peu de chose : pas d’ascenseur ou un ascenseur qui fonctionne mal, et bien sûr l’absence de banc pour se reposer, marquer des haltes dans un déplacement. A défaut, on reste chez soi, de crainte d’une trop grande fatigue, et c’est la solitude. C’est fou ce que le simple fait de pouvoir se déplacer peut ouvrir le monde. L’autonomie de mouvement est une véritable source de liberté, et son absence est vécue comme un enfermement, avec toutes les frustrations qui en découlent. Les solutions ? Des Commerces de proximité, et des transports en commun adaptés, mais aussi des bancs publics. Les amoureux devront les partager.
Certaines villes ont imaginé, notamment dans cette perspective, de créer des « Jardins de Poche ». Cela répond au besoin identifié dans l’enquête : Créer des lieux de rencontres où se mélangent les jeunes et les vieux, et permettent aux acteurs présents d'échanger leurs expériences et de découvrir leurs compétences respectives. Ces jardins de poche nous viennent d’Amérique, de New York précisément ou des « pocket garden » on vu le Jour dès les années 1960. Ce sont des Petits espaces, à peine plus grands que des salons, aménagés comme lieux de rencontre, de repos, d’observation de la vie du quartier.
Pour « Equiterre », qui promeut les jardins de poche en Suisse, l’objectif est d’augmenter l’attractivité des villes et fleurir à nouveau les Centres urbains. Les jardins de poche ont en effet pour objectifs principaux l’amélioration de la Qualité de vie des habitants et le renforcement de la cohésion sociale en milieu urbain. En même temps, ils créent et préservent la nature en ville. Le développement durable est au rendez-vous : Le jardin de poche permet de découvrir et de vivre concrètement le développement durable dans notre environnement local : aux plantes exotiques, on préfèrera les fleurs indigènes ; les bancs seront fabriqués avec du bois certifié ; l’éclairage sera économe en énergie. Ainsi, le concept du jardin de poche représente un bel exemple de durabilité appliquée ! Cette vision du développement durale serait réductrice, si le jardin de poche n’était qu’un choix judicieux d’arbres et de matériaux. C’est aussi et surtout le résultat d’un processus d’animation locale, qui permet aux habitants d’un quartier, futurs utilisateurs, de participer activement à la définition de leur futur « salon ». C’est un petit espace, jusqu’alors délaissé, qui se voit ainsi confier une nouvelle mission, essentiellement de lien social, mais aussi de requalification urbaine, d’enrichissement du Paysage.
Le banc est donc le centre d’un projet de grande ampleur ! Restauration de la qualité de vie en ville, lien social, processus participatif, paysage urbain, Bois certifié, Eclairage économe, autonomie des personnes âgées, tout un Programme !
Il y a bien d’autres types de bancs, que l’on pourrait commenter. Laissons de côté le banc de touche, qui nous renvoie aux « Anciens » au sens propre comme au figuré, ou celui des accusés, nécessaire mais parfois garni avec précipitation.
Attardons nous un instant sur le banc d’essai, instrument privilégié des associations de consommateurs. Il contribue à la transparence du marché, et permet de comparer des prix et des performances. Le rapport qualité / prix, élément déterminant du choix. Les paramètres à évaluer au banc d’essai sont multiples, et la difficulté est toujours de savoir lesquels sont à privilégier par rapport aux autres. Cette hiérarchie de valeurs reste le fait du consommateur lui-même, aucun banc ne peut le faire pour lui. Il peut juste aider à ne pas en oublier, à comprendre les conséquences de ses choix de consommation. L’essai comparatif est un auxiliaire de l'intelligence. Il ne doit pas s’y substituer, mais la stimuler, de même que tous les labells ou certificats. Il faut juste que ces essais ne soient pas consacrés exclusivement aux vertus attendues par le consommateur, mais qu’ils s’intéressent aussi aux attentes du citoyen, et intègrent des intérêts généraux. L’émission de gaz à effet de serre pourrait-il devenir, parmi d’autres et notamment le prix de revient du service rendu, un critère de choix ?
1 - Le Collectif Combattre la solitude : Association des Cités du Secours Catholique, Croix Rouge Française, Fédération de l'Entraide Protestante, Fédération Française de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, Fonds Social Juif Unifié, les petits frères des Pauvres, Religieuses dans les Professions de Santé, Secours Catholique/Caritas France.
Merci à Marc de Jerphanion pour ses précieuses indications sur les bancs publics et les jardins de poche.
Chronique mise en ligne le 19 octobre 2006, revue le 20 septembre 2010
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