L'approfondissement de l'Union Economique et Monétaire (UEM)
Prenons un peu de recul : pendant nos élections, l'Europe continue. Pour en parler, nous invitons Paul Goldschmidt, directeur (e.r) à la Commission Européenne, auteur d'une note de commentaires sur l'avenir de l'UEM, en réaction à un document de la Commission en date du 31 mai dernier, et dont vous trouverez ci-dessous la conclusion. Le commentaire dans son intégralité est accessible sur le site de Paul Goldschmidt.
L’achèvement de l’UEM est un dossier dont la teneur et les complexités ne font pas rêver les foules. Comme l’ont prouvé les débats sur le Brexit en Grande-Bretagne, ou celui de la sortie de l’€ dans la campagne électorale française, les arguments, utilisés pour manipuler une opinion publique mal informée, sont simplifiés à outrance, quand ils ne sont pas délibérément falsifiés; des références à des notions au contenu émotionnel mais indéfini, tels que la « souveraineté », occultent les réalités dont la démonstration est trop technique ou abstraite pour retenir l’attention du citoyen.
Malgré tout, on assiste à un changement d’attitude fondamentale dans l’opinion publique. La tendance au « repli sur soi » qui était incarnée par les votes sur le Brexit et l’élection de Trump est en voie d’être inversée. Après le soulagement du résultat de l’élection présidentielle en Autriche, suivi d’un échec relatif des europhobes aux Pays-Bas, l’écrasante victoire d’Emmanuel Macron en France, confirme un support renouvelé pour le projet européen ; la déroute du mouvement 5 Etoiles en Italie lors des élections communales vient encore renforcer cette tendance.
Certes, ce revirement peut s’expliquer par la peur grandissante engendrée par le terrorisme, la crise migratoire ou encore la menace du retrait du parapluie défensif des Etats-Unis. Il y a, cependant, une prise de conscience que relever ces défis existentiels, auxquels il faut ajouter ceux du climat, de l’approvisionnement énergétique, de la globalisation, du numérique, etc.., ne sera possible qu’à l’échelle européenne.
Au milieu des incertitudes géopolitiques ambiantes, il faut absolument capitaliser sur ce contexte favorable, qui à tout moment peut être remis en cause, pour faire accepter le dossier de l’intégration de l’UEM au nombre des priorités. Il y a, par conséquent, lieu d’accélérer la mise en œuvre des mesures nécessaires afin d’assurer l’avenir d’une Union Européenne qui puisse protéger tous ses citoyens et tenir le rôle qui lui revient sur l’échiquier international.
Paul N. Goldschmidt
Directeur, Commission Européenne (e.r.) ; Membre du « Comité des Sages » de Stand Up for Europe.
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