Tonne
Une unité de poids, la tonne, est devenue l’unité de référence pour les questions d’énergie et de climat. Tonne d’équivalent pétrole, tonne de CO2 sont entrées dans le langage courant. Le prix de cette dernière est devenue une référence.
De nombreux économistes nous disent qu’il faut donner un prix au carbone pour provoquer une baisse des émissions, et que c’est même incontournable. Comment donner un prix à la tonne de carbone ?
Le prix peut être donné administrativement, avec une taxe à la tonne de carbone émise. Une autre manière est de créer un marché en jouant sur la raréfaction des possibilités d’émission, appelés parfois « droits à polluer ». Terme inexact, car il s’agit plutôt de tickets de rationnement, échangeables mais dont le volume total baisse régulièrement. Le caractère échangeable a pour effet la détermination d’un prix, voilà donc une manière d’obtenir un prix pour le carbone.
Ce mécanisme est né pour les pollutions de l’eau dans un bassin versant, et il a été étendu notamment au gaz carbonique dans certains secteurs. En Europe, sont concernés la production d’électricité et les industries à forte intensité énergétique. Il y a eu des ratés, des difficultés de réglage initial sur le volume des quotas distribués et la manière de les répartir, mais le mécanise a fini par trouver une forme d’équilibre, et les résultats sont là : en 16 ans, les émissions de ces entreprises ont baissé de près de 43%. Le prix du carbone, qui a longtemps stagné à un très faible niveau, a fortement progressé au cours des dernières années, passant de 5€ en 2017 à 50 aujourd’hui. Pour prolonger et intensifier ces résultats, la Commission européenne propose de jouer sur deux paramètres : d’une part, accélérer la baisse du volume total acceptable d’émissions, et d’autre part d’étendre le champ d’application. La somme des quotas disponibles baissera de 4,2% par an, au lieu de 2,2%. De nouveaux secteurs seront intégrés, de gros émetteurs comme les transports routier et le bâtiment.
La reconnaissance d’un prix des émissions de carbone a fatalement un effet sur les prix à la consommation., chaque opérateur devant la prendre en charge et la répercuter sur son prix de vente. Dans les faits, c’est un coût social payé de manière diffuse, celui du réchauffement climatique qui ne peut que croître et embellir, qui est reconnu, apparait dans les comptes et doit être payé cash au lieu d’être différé. Disons-le clairement, ce n’est pas globalement un coût supplémentaire, ce serait plutôt une économie. La question est le désordre qu’apporte cette nouvelle répartition de la charge et des bénéfices. La société dans son ensemble est bénéficiaire, mais le prix à payer est apparent au lieu d’être caché, il est immédiat et non renvoyé aux générations futures (très proches, il s’agit de nos enfants et pas de descendants hypothétiques), il est localisé et non reporté à l’autre bout du monde, au détriment notamment des populations des iles et des grands deltas, et il est dur à supporter pour les personnes dont la situation est précaire. Donner un prix à la tonne de carbone émise dans l’atmosphère suppose des mesures sociales complémentaires, sous forme de « fonds climat » à alimenter avec les bénéfices de la lutte contre le réchauffement, les coûts évités par la société dans son ensemble.
Attention malgré tout à ne pas gommer le signal prix, Le message d’économies de carbone doit être perçu par tout le monde, même les plus démunis dont ce ne sera bien sûr pas la première préoccupation. Des fonds de compensation sont mis en place à cet effet, des chèques énergie, des tarifs adaptés et autres instruments d’aide aux victimes de la « précarité énergétique ». Une démarche naturelle dans nos sociétés où la solidarité n’est pas un vain mot, mais sa mise en application doit être accompagnée d’une sensibilisation pour éviter d’exonérer les intéressés de toute responsabilité, de toute prise de conscience, sur les enjeux climatiques. Les opérations du type « famille à énergie positive » menées par l’ADEME répondent à cette préoccupation, et sont le complément indispensable aux aides financières pour faire face à la hausse inéluctable du prix de la tonne de carbone.
Le réchauffement climatique a un coût, un coût très important mais caché, différé (encore qu’il le sera de moins en moins), et supporté par tous, notamment tous ceux qui n’en sont pas les responsables. Une bonne gestion, pour mobiliser les acteurs, est de faire supporter ce coût par les principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Bien sûr, cette exigence bouleverse les équilibres actuels, ce qui ne va pas sans heurts. L’introduction d’instruments financiers propres à faire régner le principe « pollueur payeur » ne peut qu’être progressive et accompagnée des aides nécessaires à la transformation du paysage économique. Et le plus tard ces instruments fonctionneront, le plus vite il faudra opérer la transition, et le plus douloureux ce sera. IL n’y a donc pas de temps à perdre !
De nombreux économistes nous disent qu’il faut donner un prix au carbone pour provoquer une baisse des émissions, et que c’est même incontournable. Comment donner un prix à la tonne de carbone ?
Le prix peut être donné administrativement, avec une taxe à la tonne de carbone émise. Une autre manière est de créer un marché en jouant sur la raréfaction des possibilités d’émission, appelés parfois « droits à polluer ». Terme inexact, car il s’agit plutôt de tickets de rationnement, échangeables mais dont le volume total baisse régulièrement. Le caractère échangeable a pour effet la détermination d’un prix, voilà donc une manière d’obtenir un prix pour le carbone.
Ce mécanisme est né pour les pollutions de l’eau dans un bassin versant, et il a été étendu notamment au gaz carbonique dans certains secteurs. En Europe, sont concernés la production d’électricité et les industries à forte intensité énergétique. Il y a eu des ratés, des difficultés de réglage initial sur le volume des quotas distribués et la manière de les répartir, mais le mécanise a fini par trouver une forme d’équilibre, et les résultats sont là : en 16 ans, les émissions de ces entreprises ont baissé de près de 43%. Le prix du carbone, qui a longtemps stagné à un très faible niveau, a fortement progressé au cours des dernières années, passant de 5€ en 2017 à 50 aujourd’hui. Pour prolonger et intensifier ces résultats, la Commission européenne propose de jouer sur deux paramètres : d’une part, accélérer la baisse du volume total acceptable d’émissions, et d’autre part d’étendre le champ d’application. La somme des quotas disponibles baissera de 4,2% par an, au lieu de 2,2%. De nouveaux secteurs seront intégrés, de gros émetteurs comme les transports routier et le bâtiment.
La reconnaissance d’un prix des émissions de carbone a fatalement un effet sur les prix à la consommation., chaque opérateur devant la prendre en charge et la répercuter sur son prix de vente. Dans les faits, c’est un coût social payé de manière diffuse, celui du réchauffement climatique qui ne peut que croître et embellir, qui est reconnu, apparait dans les comptes et doit être payé cash au lieu d’être différé. Disons-le clairement, ce n’est pas globalement un coût supplémentaire, ce serait plutôt une économie. La question est le désordre qu’apporte cette nouvelle répartition de la charge et des bénéfices. La société dans son ensemble est bénéficiaire, mais le prix à payer est apparent au lieu d’être caché, il est immédiat et non renvoyé aux générations futures (très proches, il s’agit de nos enfants et pas de descendants hypothétiques), il est localisé et non reporté à l’autre bout du monde, au détriment notamment des populations des iles et des grands deltas, et il est dur à supporter pour les personnes dont la situation est précaire. Donner un prix à la tonne de carbone émise dans l’atmosphère suppose des mesures sociales complémentaires, sous forme de « fonds climat » à alimenter avec les bénéfices de la lutte contre le réchauffement, les coûts évités par la société dans son ensemble.
Attention malgré tout à ne pas gommer le signal prix, Le message d’économies de carbone doit être perçu par tout le monde, même les plus démunis dont ce ne sera bien sûr pas la première préoccupation. Des fonds de compensation sont mis en place à cet effet, des chèques énergie, des tarifs adaptés et autres instruments d’aide aux victimes de la « précarité énergétique ». Une démarche naturelle dans nos sociétés où la solidarité n’est pas un vain mot, mais sa mise en application doit être accompagnée d’une sensibilisation pour éviter d’exonérer les intéressés de toute responsabilité, de toute prise de conscience, sur les enjeux climatiques. Les opérations du type « famille à énergie positive » menées par l’ADEME répondent à cette préoccupation, et sont le complément indispensable aux aides financières pour faire face à la hausse inéluctable du prix de la tonne de carbone.
Le réchauffement climatique a un coût, un coût très important mais caché, différé (encore qu’il le sera de moins en moins), et supporté par tous, notamment tous ceux qui n’en sont pas les responsables. Une bonne gestion, pour mobiliser les acteurs, est de faire supporter ce coût par les principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Bien sûr, cette exigence bouleverse les équilibres actuels, ce qui ne va pas sans heurts. L’introduction d’instruments financiers propres à faire régner le principe « pollueur payeur » ne peut qu’être progressive et accompagnée des aides nécessaires à la transformation du paysage économique. Et le plus tard ces instruments fonctionneront, le plus vite il faudra opérer la transition, et le plus douloureux ce sera. IL n’y a donc pas de temps à perdre !
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