Commun
Les biens communs sont partout, à commencer par l'air que nous respirons. Ils nous appartiennennt collectivement, mais qui en est responsable ? Copmment en assurer la pérénité ?
Les biens communs sont à la fois à tout le monde et à personne. Les Limites de la planète nous obligent à sortir de ce Paradoxe. Comment gérér au mieux les Ressources à notre disposition, dont beaucoup sont communes ?
Les océans durement mis à l’épreuve par les marées noires et la surpêche, la haute atmosphère menacée par les gaz destructeurs de la couche d’ozone, la même haute atmosphère jouant exagérément son rôle de serre, ou encore la Richesse biologique à la Surface de la planète, voilà quelques exemples de biens communs dont dépendent notre vie quotidienne et notre Avenir. Nos ressources et notre cadre de vie, notre Santé et nos Plaisirs sont fortement liés au bon état et à la disponibilité de ces milieux qui n’appartiennent à personne.
Tant que nos besoins et nos Prélèvements sont faibles par rapport au stock, que les transformations que nous faisons subir à la planète sont mineures, Tout va bien. Ces biens communs sont les biens de personne, personne ne les protège ni ne s’en sent responsable, et chacun peut en profiter à sa guise. Il se trouve juste que cette période si heureuse, si facile, est terminée. Nous atteignons progressivement les limites de la planète et la gestion de ces biens communs devient une question économique majeure. Les biens de personne deviennent les biens de tout le monde.
Cette évolution a pu se produire dans l’histoire de nombreuses fois, pour l’accès à l’eau, à la Terre, à tel territoire de chasse, mais elle se manifeste aujourd’hui à l’Echelle de la planète. Elle n’est plus l’affaire de telle peuplade, de telle communauté humaine particulière, c’est l’affaire de l’humanité. Il va falloir apprendre à gérer ensemble les biens communs, malgré toutes nos différences d’intérêts, de modes de vie, de modèle de développement. Il va falloir faire mentir les économistes qui évoquent la « tragédie des biens communs ». Entendez par là le caractère inexorable de la dégradation d’une ressource limitée, en accès libre et utilisée par plusieurs personnes.
La couche d’ozone n’appartient à personne, c’est notre ombrelle à tous, qui nous protège de certains rayonnements solaires. L’action humaine en provoquait une dégradation régulière. Les états et les acteurs économiques ont trouvé un accord pour réduire et éliminer progressivement la production et l’émission de gaz nocifs pour la couche d’ozone. C’était à Montréal en 1987, et les scientifiques nous disent aujourd’hui qu’ils observent une amélioration. La couche d’ozone semble se reconstituer lentement. Le pire n’arrive pas toujours, la tragédie des biens communs n’est pas une fatalité.
Nous sommes confrontés de plus en plus souvent à ce type de problème. La plus emblématique est la réduction des Gaz à effet de serre, qui fait l’objet de négociations chaotiques, mais qui pourraient progresser comme les échos du dernier rendez-vous à Bonn le laissent espérer. La question est complexe, car l’accès au Carbone est facile, trop facile, universel, impliqué dans les modes de vie de toutes les Populations du monde. Le facteur limitant n’est pas ici la ressource, mais la capacité du milieu à absorber les rejets. Comment se répartir cette capacité, équitablement et efficacement. C'est-à-dire d’une manière réaliste, qui fonctionne bien et donne les résultats attendus tout en permettant aux états d’assurer le bien être de leurs ressortissants.
Il y a aussi la pêche, avec les quotas de Poissons répartis entre les pêcheurs. La question du thon rouge est d’actualité, mais elle n’est qu’un point fort d’une série de régulations sur les ressources halieutiques, bien commun convoité par de multiples acteurs. Comment gérer ce bien commun au profit à la fois de la collectivité et de chacun des acteurs, voilà un beau problème pour les économistes.
L’accès à l’eau, le prélèvement dans les nappes et les rivières est une déclinaison vieille comme le monde de la question des biens communs, et on pourrait prendre de nombreux autres exemples, comme les « communaux » dans les Campagnes. Le changement d’affectation d’un Sol entre aussi dans cette logique. Le bien n’est plus uniquement matériel, il est devenu complexe avec un Droit d’Usage qui lui est attaché, mais là encore cette transformation formelle affecte un bien commun, la terre agricole ou naturelle en ce qu’elle constitue un patrimoine et un outil régulateur de phénomènes tels que l’écoulement des eaux ou la biodiversité. Marginal, comme il l’a été au cours des siècles, le phénomène ne nous intéresse pas, mais il entre de plain pied dans notre réflexion quand ce prélèvement met en évidence les limites de notre patrimoine commun. Les modes de gestion hérités du passé sont manifestement à revoir.
Quelles méthodes pour gérer ces biens communs ? La question a fait l’objet de nombreux travaux, et notamment d’un ouvrage d’Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie 2009, intitulé Gouvernance des biens communs(1). L’auteure y présente les différentes théories, de la régulation administrée à la privatisation, en passant par des formes autogérées de régulation, en y apportant son regard critique nourri d’expériences vécues pour beaucoup dans le domaine de l’eau, notamment de nappes soumises à une surexploitation. Elle fournit des exemples variés et tente de décrypter les causes des succès et des Echecs des régulations. L’économie est ici dépendante de la sociologie et des organisations politiques et sociales. Les nombreux exemples présentés illustrent la diversité des approches, et conduisent à n’exclure aucune piste a priori, ce qui revient aussi à n’en retenir aucune a priori. Les Analyses d’Elinor Ostrom montrent l’importance de la gestion des biens communs, capitale à une époque où nous atteignons les limites de la planète. Elles ouvrent l’éventail des réponses en offrant un cadre pour préparer les Choix institutionnels adaptés à chaque bien commun.
1 - Elinor Ostrom, Gouvernance des biens communs, pour une nouvelle approche des ressources naturelles, Editions De Boeck, Bruxelles, 2010
Chronique mise en ligne le 28 juin 2010
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