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Vive les microbes !

C’est sous ce titre surprenant qu’Arte a programmé mardi 8 octobre dernier un document(1) sur les multiples apports des microbes dans nos existences, et leur action continue pour réserver notre santé dès le plus jeune âge. Le microbiote à tous les étages, comme nous le disait déjà Kathie Willis dans son livre Naturel. Les discours convergent sans ambiguïté : la biodiversité est notre planche de salut. Le contact avec la nature, le plus précoce possible, est une assurance de bonne santé, qu’il convient de cultiver tout au long de la vie. C’est un équilibre à maintenir dans notre organisme, de manière à bénéficier de la présence de la multitude de microbes de toutes natures et d’éviter la prolifération de tel ou tel, source d’inflammations et autres désordres. Une affaire de qualité de vie, et aussi de gros sous, notamment d’argent public dont il est fortement question ces temps-ci. Car l’asthme et les allergies coutent cher à la société, et bien d’autres pathologies, parfois lourdes, que le contact avec la nature permet d’éviter ou de réduire. L’investissement dans la nature est rentable ! Des bénéfices au moins 8 fois supérieurs à la mise de fonds, selon le commissaire européen à l’Environnement, Virginijus Sinkevicius, s’exprimant sur l’adoption de la législation européenne sur la restauration de la nature, en juin dernier.

Le capital nature est une poule aux œufs d’or, et nous l’ignorons le plus souvent. Ses bienfaits sont si « naturels » que nous les tenons pour acquis, alors que nous les menaçons chaque jour. De nombreux problèmes dont nous sommes victimes sont le résultat du défaut de nature. Les microbes que nous redoutons ne sont qu’une infime partie de l’ensemble des microbes, dont beaucoup nous sont très utiles. Notre corps a besoin de les accueillir, dès notre naissance, ce qui suppose une modération dans la stérilisation de nos environnements, et le souci de mise en contact charnel avec les animaux ou les végétaux. La nature est autour de nous, mais aussi en nous, en continuité de ce que nous ingérons, que nous respirons, que nous touchons et que nous rejetons. Le concept « one health », une seule santé, permet d’embrasser large, et de considérer la santé de tous les êtres vivants, qui vivent en symbiose. Selon l’OMS, « Une seule santé est une approche intégrée et unificatrice qui vise à optimiser la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes, et à trouver un équilibre entre ces dimensions. Elle utilise les liens étroits et interdépendants qui existent entre ces domaines pour créer de nouvelles méthodes de surveillance des maladies et de lutte contre celles-ci ».

La tendance historique a été d’isoler l’humain du reste de la nature, de le préserver de tous contacts. Une approche logique tant que nous ignorions le rôle des micro-organismes pour notre santé, et que considérions la nature sauvage comme un danger. Elle doit être revue en profondeur aujourd’hui, et s’orienter sur une meilleure connaissance des conditions d’immersion de l’humain dans son environnement, pour établir de bonnes relations avec ses compagnons de route, du plus grand comme les Redwood de Californie, des arbres qui peuvent atteindre 12O mètres de haut, au plus petit, comme certaines bactéries qui peuplent nos intestins. Ne mettons pas l’humain dans un bocal étanche, mais permettons-lui de bénéficier au maximum des apports gratuits que lui prodigue la nature.

Le problème tient sans doute du mot « gratuit ». La tentation est forte de puiser dans cette ressource, dont la valeur n’apparait que quand elle vient à manquer. Hors marché, la protection de cette ressource relève de la loi des hommes, par nature fragile et parfois arbitraire, voire idéologique. C’est la tragédie des biens communs, décrite par Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie. C’est le défi qu’il nous faut relever.

1 - Vive les microbes, réalisation Marie-Monique Robin

Edito du 16 octobre

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