
La qualité de la vie, un oubli fâcheux
Le développement durable est une recherche. La recherche de nouveaux modes de vie, de production, de consommation, qui nous permettent d’améliorer notre qualité de vie en restant dans les limites de ce que la planète nous offre. Ce n’est pas facile, nous voyons bien que chaque année le jour du dépassement se rapproche, le dépassement de notre consommation par rapport à la production de la planète. Certains cherchent une solution dans la fuite en avant, en allant chercher des ressources sur d’autres planètes ou sous la calotte glaciaire. C’est un pari bien risqué, et surtout une vision ancienne, fondée sur le principe de colonisation, celle de l’espace notamment, qui fait alors l’objet d’une « conquête ».
Il faut dire qu’il est rassurant de se raccrocher à des solutions traditionnelles, et de rester dans sa zone de confort, qu’elle soit conservatrice ou révolutionnaire. Dans notre hâte de trouver des solutions, nous avons la fâcheuse tendance à reprendre celles qui existent déjà, et, d’une certaine manière, à poser les problèmes de manière à promouvoir les solutions que l’on connaît bien, celles que l’on a « en magasin ». La proposition de la solution précède l’exposé du problème, si l’on peut dire. Nous préférons dire « il faut faire ceci, il faut interdire cela » que de faire le diagnostic de la situation, avec son historique, sa dynamique, les interférences entre les phénomènes concernés, le jeu des acteurs, etc. Ce n’est pas comme ça que la recherche d’un développement durable progressera.
Croissance du bien-être et réduction des prélèvements de ressources en général, et plus particulièrement aujourd’hui croissance du bien-être et maîtrise des changements climatiques. Tel est l’énoncé du problème que nous avons à résoudre. Il y a sûrement plusieurs solutions, certaines autoritaires, d’autres d’inspiration libérale, certaines misant sur les progrès techniques, d’autres sur l’évolution des modèles culturels, etc. L’éventail est large, évolutif, et variable selon les communautés concernées, leur type de développement, leurs religions, leur histoire. C’est évidemment un mix de ces solutions qu’il faut rechercher, à combiner et à doser habilement, mais le succès réside dans le bon équilibre entre le gain à espérer, « croissance du bien-être », et l’effort à consentir pour maîtriser les changements climatiques, les réduire ou s’y adapter. Il semble qu’aujourd’hui le deuxième volet tienne la vedette, au détriment du bien-être. Peu de réflexions sur ce dernier, réduit le plus souvent au pouvoir d’achat. La qualité de vie, qui a donné son nom au ministère en charge de l’environnement dans le courant des années 1970, a disparu des discours. Un oubli fâcheux. Ne nous étonnons pas ensuite de la difficulté à faire accepter les efforts que tout changement exige. Il n’y aura pas de développement durable ni de lutte efficace contre le changement climatique sans croissance de la qualité de vie, terme à prendre avec toute sa richesse, bien au-delà du pouvoir d’achat.
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