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Voyages mobilité

Vélo

veloNos vies "modernes" sont souvent coupées en rondelles, travail, déplacement, loisir, etc. On en perd ainsi la vue d'ensemble et progressivement la possibilité d'un bon pilotage. Le vélo offre une bonne opportunité de reprendre le contrôle.

Voilà un mot plein d’évocations pour le développement durable. Le vélo est un des modes de déplacement les plus efficaces, en terme de consommation d’énergie, de place au sol, de bruit et pollutions émises. Il reconquiert progressivement sa place dans les Villes de France, mais il y reste loin de celle qu’il occupe dans d’autres pays, ceux d’Europe du Nord notamment.

Pendant longtemps, en France, le vélo était considéré comme un loisir, ou un sport. Mais pas comme un moyen de déplacement. On distingue des phases, dans notre existence, avec des objets qui y trouvent leur place : le travail, avec la voiture ou les transports en commun, les loisirs avec le vélo. Mêler les deux est perturbant. On sort tout juste de cette logique cloisonnée. Poussons plus loin le raisonnement.

Toute la semaine, on essaye de réduire les efforts physiques à produire, on s’économise. On prend l’ascenseur pour le moindre étage à monter dans les bureaux, on prend sa voiture pour faire une petite course. Et le week-end, on se dit qu’il faut faire de l’exercice, que l’on s’empâte. On se déguise en sportif, et c’est parti pour une course à pied, pour un tour en vélo. La vie est cloisonnée, et très contrastée : la vie courante d’où l’on a exclu tout effort physique, dont l’idée même semble insupportable, et les loisirs où l’effort devient un plaisir.

Ce cloisonnement est-il durable ? Ne serait-il pas plus raisonnable d’accepter l’effort dans la vie de tous les jours, notamment dans les transports, plutôt que de devoir à grands frais créer artificiellement des occasions de faire travailler son corps. Trois quarts d’heure à une heure de vélo tous les jours, pour aller au boulot, c’est bien mieux qu’une sortie hebdomadaire, et les deux peuvent d’ailleurs se combiner avantageusement. On objectera que les parcours pour aller au travail ne peuvent se prendre comme un loisir, et qu’il faut être présentable quand on arrive. Certes, mais nos amis des Pays-Bas, par exemple, on bien dû trouver des solutions : ce n’est pas l’exploit physique qui est recherché, et il n’est pas nécessaire de se « défoncer » à chaque parcours ; certains entreprises mettent des douches à disposition de leurs employés, etc.

Parfois, c’est le sport qui est intolérant. Si vous souhaitez que votre instrument de transport vous serve aussi pour les sorties du dimanche, on vous fera remarquer que ce n’est pas le même type de vélo pour la ville et la Compétition ou la randonnée. Chaque « niche » de notre vie est entre les mains de spécialistes, qui tentent de marquer leur territoire et le rendre indépendant des autres moments.

On aborde ainsi, très discrètement, a contrario et par la petite porte, la question du « double Dividende ». Les cloisonnements dont nos vies sont tributaires nous empêchent souvent de rechercher deux bénéfices à la fois. Transports quotidiens, sport, simples moments de détente, autant d’occasions d’offrir à son corps des occasions d’exercice et d’effort, le plus simplement du monde, mais chacune de ces « tranches de vie » a sa propre logique, ses règles, ses références. Il faut savoir s’en affranchir pour retrouver son unité et « gagner sur plusieurs tableaux » à la fois.

 

 

Chronique mise en ligne le 10 avril 2006, revue le 15 juin 2010

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