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Voyages mobilité

Circulation

circulationLe lundi 17 mars 2014 a connu un grand évènement : la circulation alternée. Que de débats à ce propos ! Une occasion de s’interroger sur la circulation durable, s’il y en a…

La circulation alternée n’est pas une solution permanente, mais elle est révélatrice.
D’une manière générale, elle montre le décalage entre l’homme de la rue, qui la comprend et l’accepte sans sourciller dans l’immense majorité des cas, et les décideurs, politiques et professionnels, toujours en retard, et réticents, de peur de déplaire à une partie de leurs mandants.

Des dirigeants conservateurs, toujours prompts à trouver de bonne raisons pour ne rien faire, malgré le prix du « rien faire ». Un prix diffus, payé par tous, mais non moins réel. La santé a un cout, mais il est payé par tous, dans notre chair, et par la sécurité sociale. Le syndrome « I want my money back » pousse à préférer une solution plus onéreuse mais personnalisée, et en principe maîtrisée, qu’une autre dont le défaut est d’être collective, mutualisée, et par suite incontrôlable, même si elle coute moins cher. La circulation alternée a surement un cout, comme la gratuité des transports en commun, mais le « rien faire », les embouteillages les jours de fortes pollutions, en a un également.
La congestion coute cher, même quand il n’y a pas de pollution. De grandes variations selon les estimations, compte-tenu de la difficulté d’intégrer les « coûts externes » et selon la valeur attribuée au temps perdu. Malgré ces écarts, il s’agit de pourcents du PIB, allant jusqu’à 2% selon certaines estimations en Europe. La composition de cet argent perdu varie selon les villes et les époques. Une étude conduite à Montréal donne la répartition suivante : 80% au titre des pertes de temps, 13% en coût additionnel d’utilisation des véhicules, et 7% pour la pollution atmosphérique, toujours additionnelle. C’est donc le temps perdu qui est le premier gâchis, et de loin, sauf, sans doute, au cours des épisodes de pollution où ce dernier volet, heureusement faible en temps normal, peut prendre de l’importance, avec des dépenses de santé publique.
La circulation alternée a eu un grand mérite : fluidifier la circulation des véhicules autorisés. On n’a jamais si bien roulé à Paris, à cette période. On se serait cru au mois d’aout, il ne manquait que Paris-Plage. La gêne ressentie par certains a produit un avantage pour les autres. Ils ont gagné du temps, tout en polluant moins puisqu’il y avait moins d’embouteillages. Quand on approche de la saturation du réseau, il suffit de très peu de choses pour passer de la fluidité à la congestion. Quelques pourcents de voitures en plus, et rien ne va plus. Le problème est que, dès que le sentiment de fluidité entre dans les esprits, chacun sort sa voiture, et tout est à recommencer. Il faut donc agir sur le réflexe voiture, et diffuser d’autres modèles de comportement.
Là encore, l’observation des comportements spontanés est instructive. L’entraide est au rendez-vous. Deux formules de mutualisation des voitures prennent leur essor. Le covoiturage, qui est devenu un classique, tout d’abord. La contradiction entre réduction du nombre de voitures et maintien de la mobilité des personnes se résout en augmentant le nombre de passagers par voiture. Des sites Internet permettent aujourd’hui de le faire aisément, avec des structures apportant toutes les garanties aux utilisateurs, conducteurs ou passagers. Avec la convivialité en prime, comme l’atteste le nom du leader français dans cette activité, blablacar. Encore largement occasionnel, le covoiturage progresse, et devient un mode ordinaire de déplacement. Les entreprises et groupements d’entreprises peuvent le favoriser, en permettant aux voisins potentiels de se repérer pour former des « équipages ». Ajoutons un peu d’aide des pouvoirs publics, pour organiser des lieux de regroupement : très peu d’argent, mais un bon usage de ce qui existe tout seul, les voitures des particuliers. C’est ça, le développement durable, tirer un meilleur parti des ressources disponibles. Dans la même veine, la location entre particuliers s’est développée, avec les mêmes ingrédients, Internet et la valorisation d’un capital sous utilisé.
Pour les marchandises, la mutualisation des moyens est aussi une des pistes, pour la dernière étape, vers le destinataire. Dans les villes, des centres de logistique urbaine répondent à ce besoin : accueillir de gros volumes, « massifiés », dans des conditions optimisées (train, péniches, gros camions à des heures favorables), et ensuite distribution à l’aide de moyens « doux » comme des « cargocycles » ou des véhicules électriques. Il s’agit là d’un investissement significatif, mais propre à réduire le volume de circulation aux heures de congestion, avec ses effets bénéfiques sur l’activité, sur l’environnement et par suite sur la santé.
De nouveaux modes de mobilité sont en train de voir le jour. Plus performants à tous égards, ils demandent avant tout un changement dans les mentalités. La circulation alternée ne résout rien dans la durée, mais elle contribue à cette évolution des modèles culturels qui nous guident sans que nous en rendions compte. Effet immédiat sur la pollution d’un jour, mais effets durable sur les esprits. En voiture pour de nouvelles mobilités !

 

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