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Risques et sécurité

Sécurité

La sécurité est au cœur de nombreux discours politiques. A juste titre, à condition de ne pas se contenter de formules toutes faites et d’idées reçues. La sécurité revêt de nombreux aspects.

Le développement durable est avant tout l’exploration des avenirs possibles. Une avancée avec sa part d’inconnues et donc une aventure à risques, tout en sachant que l’immobilisme et les conservatismes sont les risques absolus. Pour réduire les risques, une politique de sécurité s’impose. Des règles du jeu qui encouragent la prise de risque tout en sachant raison garder. Le principe de précaution s’inscrit dans cette optique. Quelle décision face à des risques graves et irréversibles ? La culture du risque, indispensable pour innover et construire un développement durable, suppose des garde-fous. Le principe de précaution en est un, tout comme l’éthique demandée aux chercheurs et aux décideurs.
Nous sommes devant un paradoxe : il faut entrer dans des univers nouveaux, et donc accepter de se mettre en danger, tout en préservant notre sécurité. L’emploi offre une bonne illustration. Il faut en effet admettre que nous changerons plusieurs fois d’emploi et même de métier au cours de notre vie, avec la remise en question que cela suppose. La réponse souvent indiquée s’appelle flexisécurité. Assurer à la fois la flexibilité nécessaire pour s’adapter à de nouvelles exigences, et la sécurité des personnes. La flexisécurité sécurise de parcours professionnels des personnes appelées à changer de métier. Elle comporte 3 volets, les facilités de licenciement pour les entreprises, une indemnisation généreuse des salariés licenciés, et un effort d’accompagnement et de formation pour faciliter leur reconversion vers les nouveaux métiers. L’important est que les 3 axes soient bien équilibrés, et c’est la clé du succès. On remarquera que c’est l’individu qui est au cœur du raisonnement, et non pas l’emploi. Il ne s’agit plus de préserver l’emploi, on dit que 10 à 15% des emplois se renouvellent chaque année, mais de permettre aux personnes qui les occupent de conserver une place active dans la société. La sécurité s’applique là où il faut, pour les êtres humains et l’équilibre social. Ne nous trompons pas d’enjeu.
Autre type de sécurité à assurer, la sécurité alimentaire. Le bien manger, au du moins manger suffisamment et équilibré, et boire de l’eau potable, est la base de toutes les libertés, et nous savons que le nombre d’êtres humains mal nourris est de l’ordre de 1 ,5 milliards, dont une petite moitié « crève de faim », pour prendre une formule expressive. Pour l’assurer, certains proposent d’abolir les frontières commerciales, pour que les pays les plus pauvres puissent acheter de la nourriture au prix le plus avantageux. D’autres préconisent de développer les ressources locales pour parvenir à une autosuffisance au plus près des territoires. Deux stratégies que je vous laisse apprécier, du point de vue de leur durabilité et du niveau de sécurité offert. Rappelons-nous que la plupart des conflits naissent de crises alimentaires, comme celle de 2008, dont on parle moins que la crise financière, et qui a déstabilisé de nombreux pays, et qui est à l’origine des printemps arabes. La perspective d’une population mondiale de 9 à 10 milliards d’humains est toujours un défi. Pourrons-nous nourrir tout le monde, comment ? Il y a des réponses, mais aucune n’est donnée à l’avance, il y a là un enjeu manifeste de développement durable.
Il y a la sécurité informatique, et d’une manière générale toutes celles liées à l’organisation et au fonctionnement de nos sociétés. Les interrelations et la complexité du monde moderne exigent un flux considérable d’informations, des recueils de données, avec les dangers que l’on connait bien : la panne dans les systèmes sophistiqués, le grain de sable qui empêche la machine de tourner, et le piratage, le mauvais usage de toutes ces informations, la diffusion de fausses nouvelles, etc. On peut y ajouter la perte de conscience des territoires et de la proximité.
Il y a plusieurs manières d’assurer la sécurité. Pour faire simple, c’est l’éternelle distinction entre l’approche par les symptômes et celle par les causes. L’une ne va pas sans l’autre. Il n’est pas raisonnable d’ignorer les problèmes d’aujourd’hui au prétexte de les supprimer pour demain, ni de se satisfaire d’un tonneau des Danaïdes, d’une action sans fin puisque les causes du problème perdurent. « Ouvrir une école, c’est fermer une prison », disait Victor Hugo, mais il se passe du temps entre les deux évènements, un temps où les bienfaits de l’école ne se sont pas encore fait sentir. Il faut donc à la fois se protéger et prendre le taureau par les cornes, comprendre les mécanismes des différentes formes d’insécurité pour les attaquer à la racine. En ces temps où l’accent est mis sur la protection, il faut rappeler qu’elle commence par la prévention et la maitrise des risques, quelle qu’en soit la nature, délinquance « ordinaire », terrorisme, imprévoyance, innovations techniques. La prise de risque est incontournable sur le chemin du développement durable. La culture du risque est la meilleure manière d’assurer notre sécurité.
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