Pollution
La lutte contre les pollutions est un des piliers de toute politique d'environnement. Elle comporte des aspects humains, techniques, mais aussi financiers.
Selon une récente étude de l’agence européenne de l’environnement (1) la pollution des industries et des centrales électriques coûte entre 100 et 169 Milliards € par an. Cela représente de 200 à 330 euros pour chacun d’entre nous.
Des Coûts provoqués par l’activité de 10 000 établissements. Parmi toutes ces usines, c’est un Petit nombre, 2% de l’ensemble, qui est responsable de la moitié de la note. Principalement des centrales électriques. Dans l’Absolu, ce sont l'Allemagne, la Pologne et le Royaume-Uni, suivis de près par la France et l'Italie qui sont les plus polluants, du fait de l’importance de leurs activités. Rapportés aux PIB de chaque pays, le trio de tête est composé de la Bulgarie, la Roumanie et l'Estonie. Des pays qui ont de gros besoins de modernisation de leurs industries.
Vous aurez noté qu’il ne s’agit là que de la pollution industrielle. Des noms sympathiques pour bien la situer : NH3, NOx, PM10, SO2, composés organiques volatils non méthaniques (COVNM), des métaux lourds (arsenic, cadmium, chrome, plomb, mercure et nickel), des micropolluants organiques (benzène, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), dioxines et furanes), et le CO2. Il faudrait ajouter la contribution des transports et des ménages, pour leur chauffage par exemple. Même si des efforts de réduction des émissions par les véhicules sont réels, et si les chaudières modernes sont bien plus performantes que les anciennes, ces pollutions sont du même ordre de grandeur que celles de l’industrie. Calcul grossier, bien sûr, puisque ce ne sont pas les mêmes polluants, mais c’est juste pour fixer les idées. Et puis il faudrait ajouter un effet cocktail, pour prendre en compte les mélanges et les combinaisons de tous ces polluants. Merci aux lecteurs qui auraient des données précises sur ce point.
Aux Etats-Unis, le coût de la pollution atmosphérique se situerait dans une fourchette de 0,7 à 2,8 % du PIB (2), ce qui n’est pas anodin, une fourchette qui montre d’ailleurs la difficulté de chiffrer avec exactitude. En Chine, le coût sanitaire de la pollution atmosphérique est bien plus élevé : 3,8 % environ du PIB de ce pays, selon la Banque mondiale (3). Le problème est que ces coûts ne sont pas défalqués de la croissance, mesurée par le PIB. Ils y contribuent plutôt, avec les dépenses des ménages consacrées aux médicaments et à la Prévention. Les Finances publiques sont également affectées, notamment par les dépenses de soins de santé. D’un autre côté, la pollution entraîne des pertes de Productivité qui réduisent le PIB. Il faudrait en outre compter les pertes en termes humains, souffrances, décès prématurés, désorganisation de la vie de famille, etc. qui présentent un coût social lourd, en plus du coût économique.
Au total, le coût des pollutions que nous subissons finissent par s’accumuler et atteindre des niveaux non négligeables. Par exemple, le coût social du Bruit des transports en Europe a été estimé à ½ point de PIB. Quant la pollution de l’eau, elle entraine des surcoûts sur le prix de l’eau que nous tirons au Robinet. En évitant de polluer les sols des secteurs de captage, on divise ce prix par 2,5 (4).
D’une manière générale, les politiques préventives bien menées s’avèrent très rentables. Les Retards dans leur mise en œuvre sont couteux. Résultats d’atermoiements et d’hésitations, d’inquiétudes sur l’augmentation des Prélèvements (Taxes diverses) nécessaires pour financer la prévention, elles peuvent en outre se trouver à l’amende. Pour reprendre la pollution de l’Air, la Commission européenne a engagé des poursuites à l'encontre de la France pour non respect des seuils européens en matière de pollution de l'air par les Particules fines. Elle estime que "la France n'a pas pris à ce jour de mesures efficaces pour remédier au problème des émissions excessives de ce type de particules dans plusieurs zones du pays". La Loi sur l’air(5) avait prévu de nombreuses dispositions, notamment sur les transports avec les PDU (plan de déplacements urbains). Des observatoires dans les grandes Villes et des Plans de protection de l'atmosphère (PPA) complètent ce dispositif. La loi Grenelle 2 le renforce encore en créant des zones d'action prioritaires pour l'air (ZAPA) en cours de mise en place actuellement. Des instruments pour permettre aux villes de lutter plus particulièrement contre la pollution automobile, en limitant l’accès des véhicules les plus polluants par exemple.
Avant de conclure, notons qu’il ne s’agit ici que de la pollution extérieure. La qualité de l’air dans les logements et les lieux de Travail constituent un autre chapitre de la question, avec leurs composants spécifiques liés aux activités et à la nature des produits utilisés dans les maisons, et à ceux présents dans les Murs, les sols et les meubles.
Au total, l’air que nous respirons, l’air du temps, un bien à la fois essentiel et Gratuit, se révèle un enjeu économique lourd. Environnement, santé, vie sociale, économie, tous les ingrédients du développement durable sont réunis.
1 - "Révéler les coûts de la pollution atmosphérique provenant d'établissements industriels en Europe". Publié le 24 novembre 2011
2 - Source : L’Observateur de l’OCDE n°263, octobre 2007
3 - Banque mondiale Costs of Pollution in China: Economic Estimates of Physical Damages (2007)
4 - Voir le note Source sur ce point
5 - Loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie du 30 décembre 1996, couramment appelée Loi sur l'Air, LAURE ou encore loi Lepage
Chronique mise en ligne le 26 décembre 2011
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