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Progrès et Innovation

Ancien

L’ancien mérite le respect bien évidemment, mais l'ancien est souvent conservateur, voire passéiste. Un mot à double sens qu'il faut savoir démêler pour bénéficier des bienfaits de l'ancien sans s’y faire piéger.

Plusieurs approches pour ce mot. Nous en prendrons deux.

D'abord l'ancien versus le neuf. L'Ancien présente une grande Valeur. Nous parlons des  bâtiments anciens, ceux qui ont fait nos Villes et nos villages, qui nous offrent des Paysages équilibrés, des rues, des places, de beaux ensembles harmonieux.
L'immeuble ancien est notre Culture , il nous donne des repères. Il présente une valeur d'Usage inestimable, malgré un besoin très fréquent d'Adaptation. Les adaptations nécessaires sont multiples aujourd'hui. Certaines concernent les modes de vie de maintenant, très différents de ceux de jadis. D'autres concernent de nouvelles exigences venant du contexte. L'adaptation s’appelle accessibilité, confort, sécurité, Santé au titre des besoins courants. Pour le contexte, elle s'appelle Economies de ressources et maîtrise des rejets,  comme par exemple gestion des Déchets et bien sûr de l'énergie, lutte contre l'effet de serre. Cette adaptation de l'ancien est absolument indispensable compte tenu du Volume qu'il représente par rapport aux constructions annuelles. Il ne faut pas toutefois sacraliser l'ancien. Il faut savoir parfois tourner la page, le détruire et reconstruire des bâtiments nouveaux et adaptés au monde moderne.
Le maintien de l'ancien doit rester un objectif à chaque fois que cela est possible. Il faut pour cela investir dans les techniques adaptées à ses constructions très diverses. La recherche et les nouvelles technologies en matière de construction se sont concentrées sur les immeubles neufs, il faut les diversifier aujourd'hui sur les constructions anciennes. Il faut aussi savoir changer la destination d'un immeuble. Telle maison d'habitation construite pour accueillir plusieurs familles sous le même toit, est privée de tous les éléments de confort moderne. Elle ne répond plus aux besoins d'aujourd'hui, mais elle peut être parfois reconvertie, par exemple en un foyer ou tout autre usage à imaginer en fonction du contexte. L'adaptation suppose dans tous les cas un effort d'imagination.
L'ancien c'est aussi le mode de pensée. Il est bien difficile de remettre en question sa propre culture, les modèles de comportement et les références que l'on a connues depuis toujours. Le monde change sans doute plus vite que la vision que nous en avons. Nous tentons de résoudre les problèmes d'aujourd'hui avec les références d'hier. L'économiste Keynes disait bien que le plus dur n'est pas de comprendre les idées nouvelles d'échapper aux idées anciennes. Prenons deux exemples de cette forme d'hystérésis, de l'inertie de nos modes de pensée.
Tout d'abord le Pétrole. Nous savons que nous devons sortir de l'économie fondée sur le Carbone. Le charbon, le pétrole et le Gaz nous ont rendu d'immenses services, mais  leur grande époque est terminée. Il faut changer d'ère, est passer à une économie décarbonée. Tous nos efforts de recherche et développement, toutes nos initiatives technologiques doivent être orientées vers la construction de cette nouvelle époque. Bien sûr la découverte et l'exploitation de gisements de ces ressources fossiles peut rendre quelques services, mais ce n'est pas la voie de l'Avenir. Investir massivement pour aller débusquer, dans les endroits les plus reculés et souvent inhospitaliers, quelques ultimes gisements dont l'exploitation sera souvent coûteuse et dangereuse, c’est aller à l'encontre du Sens de l’histoire. Que d'efforts, que d'Exploits extraordinaires, que de créativité pour extraire du pétrole enfoui sous les océans, ou sous la calotte polaire. Quel dommage d'orienter une telle puissance créatrice sur les chemins de l'impasse. Le mode de pensée ancien s'inquiète de la ressource. Il craint de manquer. En matière de carbone et d'énergie, ce n'est pas la ressource qui pose problème. Elle est abondante, et l'on parle aujourd'hui de nouvelles réserves, dites non conventionnelles. Aux formidables ressources en charbon déjà bien identifiées, s'ajoutent les gaz de schistes et les Sables bitumineux qui représentent des dizaines d'années de consommation. Même si on en contrôlait les « effets collatéraux », sur les milieux naturels et les eaux, l'exploitation de ces gisements serait dramatique pour l'effet de serre. La Fuite en avant consiste notamment à piéger le gaz carbonique produit par la combustion de ses ressources fossiles. Quand le mal existe, il est bon de trouver des remèdes. Mais de là à accentuer le mal en se reposant sur l'espoir de remèdes hypothétiques, il y a un pas bien dangereux à franchir. Il est vrai que de nombreux intérêts sont constitués autour de l'ancienne économie, celle du carbone, mais plus on avancera dans cette voie, plus il faudra revenir en arrière. Nous savons que tout Retard dans la lutte contre l'effet de serre se paiera Cher. C'est une réorientation de l'économie qu'il faut engager, avec nos capacités d'investissement qui ne sont pas illimitées.
Autre exemple de mode de pensée ancien qu'il serait bon de remettre en question. Le modèle automobile. L’automobile a rendu d'immenses services, faisons en sorte que nous entraîne pas elle aussi dans l’impasse. Les facilités qu'elle procure sont indéniables. Nous avons façonné nos villes et nos campagnes en fonction des services qu'elle nous rend. Nous nous sommes éloignés de nos lieux de Travail et de loisirs. Nos vies se sont organisées sur la base d'une mobilité facile et pas chère. Le Prix à payer n'apparaît que maintenant. Il est largement constitué de ce que l'on appelle des « Coûts externes », pris en charge collectivement. Dépendance géopolitique et dépenses militaires qui vont avec, multiplication des routes et autoroutes qui découpent le territoire et sont sources de nombreuses nuisances, accidents de la route, production de gaz à effet de serre. Est-il possible d'organiser nos vies et nos territoires sur d'autres modèles ? Disposer des mêmes services de la même Qualité de vie, bénéficier de la même efficacité économique avec une autre approche de la mobilité ? De nombreuses initiatives sont prises actuellement à cet égard. Économie de fonctionnalité, recours à Internet, réorganisation en profondeur des Livraisons et des transports de marchandises, densification de certains territoires, notamment à proximité des grandes villes. Ajoutons la recherche du circuit court, rapprochant le producteur du consommateur, et même une part d'autoproduction ou de réduction des besoins de transport : réduire le volume des déchets en est une bonne illustration.
S'opposent donc deux visions de l'avenir : d'un côté la vision ancienne, le prolongement de l'économie automobile. De l'autre l'approche moderne de la maîtrise de besoin de mobilité et de nouvelles Offres pour assurer la part de mobilité dont nous aurons toujours besoin. Les efforts de certains constructeurs automobiles pour développer leur activité, sous des formes adaptées, à bas coût, low cost, dans des pays en forte croissance relèvent d’une autre époque. Ne vaudrait-il pas mieux investir sur de nouvelles conceptions de l'aménagement et de la production que de vouloir à tout prix conserver un modèle ancien dont on connaît les Limites ? Certains constructeurs automobiles dans le monde ont commencé à diversifier leur production. Non pas pour de nouvelles gammes de voitures, mais pour d'autres types de produits que le haut niveau de technologie auquel ils sont parvenus leur permet de fabriquer. Un potentiel à valoriser tout en changeant l'orientation.
Abandonner ses références anciennes n'est pas chose aisée. C’est entrer dans des zones de turbulences, c'est explorer des Terres encore inconnues. La tentation de labourer un champ dont on connaît déjà les moindres détails reste toujours forte. Mais toute l'énergie qui sera dépensée pour retarder une échéance inéluctable manquera pour développer de nouveaux modèles, construire un nouvel avenir. Une transition est à engager. Elle n'est pas sans Risques et suppose un sacré esprit d'entreprise. Le développement durable n'est pas un long fleuve tranquille.

 

 
Chronique mise en ligne le 3 janvier 2012

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