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Maison

Veille

Ce n’est pas demain la veille que le développement sera durable. On serait tenté de le dire, quand on voit que l’on vend encore en France des chaudières à gaz avec des veilleuses. Cela fait une quinzaine d’années que l’on en fait sans veilleuses, et des très performantes. Il faut savoir que la veilleuse marche tous les jours de l’année, 24 heures sur 24, pour une utilité de quelques secondes, pour allumer un foyer plus important quand on en a besoin, pour l’eau chaude ou le chauffage. « Elle consomme 1 à 2% de la puissance nominale (de pointe), mais fonctionne 8766 heures par an. La puissance nominale est utilisée entre 1700 et 1000 heures par an selon son plus ou moins bon dimensionnement ». Le bilan est encore plus désastreux pour les simples chauffe-eau, avec un gaspillage d’énergie de l’ordre d 60 à 80 %. Et pourtant, il s’en vend toujours !

C’est que le progrès diffuse mal, malgré l’intérêt évident qu’il représente. Une chaudière performante est très rentable financièrement. Elle coûte plus cher à l’achat, mais la différence vous est remboursée en moins de deux ans grâce aux économies sur les consommations. Avec le prix de l’énergie qui grimpe, ça ne peut être qu’un bon investissement. Un investissement très durable, car ses bienfaits se déclinent dans les trois dimensions :

- social, diminution des charges d’habitation et maîtrise des risques sur la santé par une meilleure combustion,

- économique, bien sûr, parce qu’il fait faire des économies, et qu’il est l’occasion de progrès technique, d’une modernisation des professions de chauffagiste et de plombier ;

- environnemental, puisqu’il provoque une baisse de la consommation d’une ressource naturelle non renouvelable, le gaz, et qu’il réduit fortement la pollution de l’air, avec des effets sur le voisinage (pollution locale) et sur la planète (réchauffement climatique).

On parle de techniques « à coût négatif », tellement le rendement de l’investissement est bon. Un ou deux ans pour récupérer la mise.

Pendant qu’on fait des efforts pour éliminer les veilleuses des chaudières à gaz, efforts insuffisants, mais efforts quand même, on observe une multiplication des veilleuses électriques. Prenez un téléphone « fixe ». Il est de plus en plus « portable », avec une antenne sur la « base » et sur le combiné. Il y a des piles, des accus, qu’il faut tenir chargés, et la base est donc en permanence sous tension. Autre exemple, les live box et décodeurs de tous genres, pour la télévision, le Wi Fi, etc. Cela fait des millions d’appareils qui marchent tout le temps. Des consommations faibles à l’unité et à l’heure de branchement, mais l’accumulation de petites quantités finit par faire masse. Ces consommations s’ajoutent à celles bien connues des autres appareils en veille, télévisions, antennes, ordinateurs, chaînes Hi Fi et magnétoscopes notamment. Et n’oublions pas les nombreux transformateurs branchés en permanence, pour des appareils qui ne fonctionnent que quelques heures par jour. Au total, votre téléviseur consomme autant quand il ne marche pas que quand il marche. L’ADEME, dans ses nombreuses campagnes d’information, nous incite à déconnecter ces veilles, mais comment faire, avec des appareils munis d’horloges, qui reçoivent des messages à distance à toute heure, bref qui sont conçus pour être branchés à longueur de temps. Prenons un téléphone sans fil dans une résidence secondaire. Bien pratique, il fonctionne aussi dans le jardin. Un vrai progrès, plus de fil à la patte ! Mais il doit être chargé, et cela prend du temps ; il est impensable de le charger en arrivant pour un week-end, il ne fonctionnerait pas la moitié du temps. Il est donc sous tension en permanence, et il consomme sans arrêt. Très peu, mais sans arrêt. C’est bien d’éteindre les veilles quand on peut le faire, l’encouragement à des comportements « citoyens » peut limiter les dégâts, mais l’enjeu doit être pris à bras le corps par les industriels, qui conçoivent et mettent sur le marché ces matériels en veille permanente. Il doit bien y avoir des possibilités de créer des matériels qu’il suffirait de charger de temps en temps, et qui préviendrait quand il faut le faire. C’est bien le cas pour les téléphones mobiles (qui pourraient par ailleurs avoir des chargeurs normalisés), pourquoi pas pour tous les appareils électriques ? Ce ne doit pas être un exploit technologique, mais il faut le vouloir. La réglementation pourrait aussi y contribuer. Une affaire à suivre !

Chronique publiée le 9 juin 2006

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