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Le développement durable consiste notamment à s’inscrire dans la durée, et à anticiper. Prendre les problèmes à la source, et leur trouver une solution avant qu’ils ne prennent de l’ampleur.

Nous ne parlerons pas ici de la source au sens propre, d’où jaillit l’eau pure, mais de son sens figuré. Revenir à la source des problèmes, en amont, à l’origine. Mais ne nous éloignons pas pour autant de l’eau, qui nous servira de fil conducteur. Une eau sale, polluée par l’activité agricole.

Les coûts de potabilisation dus à l’agriculture conventionnelle de parcelles situées dans les aires d’alimentation des captages d’eau potable se situent dans une fourchette de 800 à 2 400 € par hectare d’agriculture conventionnelle et par an. Telle est une des conclusions d’un rapport publié sous l’égide du Commissariat général au développement durable(1) Quand on rapproche ces Coûts de la Valeur de la production en céréales, de l’ordre d’un millier d’euros à l’Hectare, on peut s’interroger sur l’intérêt économique d’une telle exploitation. Dans de nombreux cas, il est à craindre que la réparation des dommages ne soit plus chère que le revenu tiré de l’exploitation. Un Travail qui produit de la valeur négative, et soutenu par la puissance publique, pas étonnant que l’on soit en Crise. Dans certaines régions, les Villes ont su préserver la Qualité de leur eau en passant des contrats avec les agriculteurs des zones de captage. C’est notamment le cas de Munich, qui prélève son eau dans un territoire protégé. Les agriculteurs y pratiquent une Agriculture sans engrais, qui contribue à la qualité de l’eau, et ils en sont rémunérés. Dépolluer, c’est bien quand il le faut, mais ne pas polluer, c’est encore mieux. C’est mieux pour l’Environnement, et c’est mieux pour l’économie. C’est juste dommage pour le PIB, qui ne peut que compter les Points et qui ne profite pas de cette alliance de la ville et de la Campagne. La Cour des comptes s’est intéressée en 2010 à la question, et a mis en évidence la différence de Coût de l’eau potable, selon que l’on prend le problème à la source ou non. Le rapport est de 1 à 2 ,5. La prévention est bien plus économique.
Le Prix à payer pour la dépollution est lourd. 70 euros par kilogramme pour les nitrates, et à 60 000 euros par kilogramme pour les pesticides. Si on traitait tous les effluents agricoles, le coût complet de l’opération « serait supérieur à  54 milliards d’euros par an ». On est loin de dépenser tout cet argent, et les excédents d’azote et de pesticides se dispersent dans le milieu naturel, et finissent dans les Mers. Il en résulte des dépenses pour les particuliers, qui doivent payer plus Cher pour disposer d’eau potable, pour les collectivités qui doivent faire le ménage sur les côtes, pour des activités qui perdent de l’Argent par suite des dégradations du milieu. Faute de traiter le problème à la source, les ménages doivent payer jusqu’à 250 euros par personne et par  an, pour ceux qui sont les plus exposés. 1000 euros pour une famille avec deux enfants. Au total, la fourchette du prix payé par les consommateurs est de 1000 à 1500 millions euros par an. On y trouve des cotisations aux agences de bassin, qui luttent contre ces pollutions, un surcoût dans la gestion des captages et des réseaux d’alimentation, des traitements supplémentaires, le tout se retrouvant dans la facture d’eau. On trouve aussi la substitution d’eau en bouteille à l’eau du robinet.  Et pour les effets des Algues vertes supportés par les collectivités et l’activité économique,  l’estimation, encore provisoire, tourne autour de 100 à 150 millions d’euros.
Et malgré tous ces efforts, le Risque de boire une eau polluée n’est pas mince : « plus de 8 % des Français ont été alimentés au moins une fois dans l’année 2008 par de l’eau contaminée en pesticides à une concentration supérieure aux normes de potabilité ».
On est bien en face d’un constat d’échec. Un échec économique comme d’un échec écologique. On parle beaucoup de la dette publique, évaluée à plus de 1 600 milliards d’euros. Elle est spectaculaire, et surtout elle est portée par des opérateurs qui savent réclamer leur du, intérêt et Capital. La dégradation des cours d’eau, des nappes souterraines et des côtes, sans parler des eaux littorales si importantes pour le renouvellement du stock de Poissons et de coquillages, constitue une dégradation diffuse, que peu d’acteurs peuvent défendre. Personne ne présente de facture. Et pourtant l’étude montre l’ampleur des dégâts, l’argent qu’il faudrait dépenser pour reconstituer la qualité des milieux contaminés. Le coût de la restauration des eaux souterraines, pour faire descendre les taux au dessous de 0,1 µg/l pour les  pesticides, et au dessous de 50mg/l pour les nitrates est estimé à 522 Milliards d’euros  au minimum, et à (847 milliards en fourchette haute). On est bien dans la cour des grands.
Cette somme ne nous sera pas réclamée tout de suite, mais le préjudice est réel. Les besoins en eau pure ne vont pas diminuer, et cette pollution se diffuse régulièrement, avec une inertie considérable. Un beau cadeau que nos léguons aux générations futures, faute d’avoir su prendre le problème à la source.

 

1 Coûts des principales pollutions agricoles de l’eau, Études & documents n°52, septembre 2011


Chronique mise en ligne le 28 octobre 2011

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