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Gouvernance

Déception

Les Etats ont un rôle important jouer pour lutter contre le réchauffement climatique. mais il serait bien dangereux de ne pas aussi mobiliser les autres acteurs, ce que l'on appelle "la société civile" notamment. Une voie non pas alternative mais complémentaire aux grandes conférences entre Chefs d'Etat.

Les pessimistes auraient-ils gagné à Copenhague ? Beaucoup craignaient qu’aucun accord ne soit conclu à la conférence sur le climat, et c’est bien ce qui est arrivé, malgré les avancées en paroles que certains pays et notamment les Etats Unis  mettent en avant. Chacun se renvoie la balle, la responsabilité de l’échec, les ONG n’étant pas les dernières à parler de honte, de scandale. Il ne semble pas qu’elles pensent à remettre en cause leur propre stratégie, la faute est aux états et aux politiques, à leur manque de courage, leur aveuglement, etc.
Le résultat décevant est peut-être aussi la conséquence d'un Choix trop répandu, de présenter l'accord recherché comme le partage du "fardeau", et non comme une prise de participation sur l'avenir. Le Prix payé pour les errements du passé, au lieu d'un investissement sur un monde nouveau à construire ensemble. Quelle erreur ! Le développement durable et la lutte contre le réchauffement climatique sont de bons placements, et l'on devrait refuser du monde. Comment en est-on arrivé à cette approche défensive et somme toute négative ? Une remise en question du discours dominant, moralisateur et culpabilisant, sur le développement durable ne serait pas inutile.
Manifestations dans les rues, au Palais Bourbon, au Capitole, tout était bon pour faire pression. Pour faire boire l’âne, sans se demander s’il avait soif ou s’interroger sur ce qu’il aurait aimé boire. On a même fait appel aux cloches, un dimanche au cours des négociations. La religion au secours du changement climatique. Les cloches de tous les clochers, et pourquoi pas aussi des minarets, chacun à sa manière et au-delà des religions. Il y a quelques années, un tel œcuménisme  avait déjà été sollicité pour les Accidents de la Route, tous les prêches de tous les lieux de culte ayant été consacrés à ce thème, la même semaine. La cloche symbolise aussi le dernier Tour d'une Course de fond, celui où il faut donner l'effort maximum. C'est aussi une évocation du tocsin, avec le côté alarmiste qui entraîne plus la panique que la mobilisation. La pression de l'Urgence n'est pas toujours la meilleure conseillère. Et puis la Bible est-elle une bonne référence, avec sa double présentation de la Création, "croissez et multipliez", sur lesquels il faut aujourd'hui s'interroger sérieusement, et le "Jardin à cultiver", plus conforme au développement durable ?
L'échec de la conférence de Copenhague serait la faute à l'ONU, et à ses mauvais modes de prise de décision. On serait mieux entre puissants, croit-on entendre. Pensez donc, un petit pays pèse pareil qu'un grand ! Il est curieux de voir, au nom du développement durable, remis en question l'idée qu'un électeur pauvre a la même voix qu'un riche. L'intérêt collectif n'est pas la somme des Intérêt particuliers, mais on n'arrive à rien si certains particuliers se sentent lésés. La recherche de consensus doit rester la règle. Il convient de s'en donner les moyens, et c'est un travail permanent d'élaboration de relations de confiance à la place de la simple gestion de conflits d'intérêts. La bonne gouvernance mondiale reste à imaginer, mais ce ne sera pas sur la base de rapports de force. Et il n’y a pas que l’ONU, bien d’autres occasions de rencontres auraient pu permettre des avancées, le G20, le G77 , les  nombreuses conférences régionales, etc. Les méthodes de travail de l’ONU peuvent certainement s’améliorer, mais n’oublions pas les déceptions à la sortie du G20 d’avril dernier, où le développement durable avait été le grand absent.
Et puis, il y a quand même eu des accords à Copenhague, des accords partiels comme celui  entre l’Australie, les Etats Unis, la France, le Japon, la Norvège et le Royaume-Uni d’affecter 3,5 milliards de dollars pour endiguer la déforestation dans les pays en développement, voire inverser la tendance. 
La Vérité qui dérange nos bons apôtres, c’est que la lutte contre le réchauffement climatique n’est pas un sacrifice, mais un investissement dont les Dividendes peuvent être largement redistribués. La question n’est pas de répartir un fardeau, mais de distribuer les rôles dans cette opération bénéfique pour tout le monde. Cette vérité, qui aurait bien facilité les échanges à Copenhague,  est portée par de nombreux économistes, comme Nicholas Stern, mais elle est masquée par le côté moral et culpabilisant que certains donnent au développement durable, et que l’opinion suit volontiers. Une des marques essentielles du développement durable, le double dividende, gagnant-gagnant, a bien du mal à s'imposer.
Tout échec mérite que l’on l’analyse, que l’on en cherche les causes sans œillères ni a priori. L’ONU, les grandes puissances, les pays émergents et les autres doivent s’interroger sur leur stratégie, les ONG aussi.


Chronique publiée le 20 décembre 2008

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