14 juillet
Quel meilleur symbole du changement vers un monde nouveau que le 14 juillet ? Comment sortir de l’ancien régime, issu de la révolution industrielle et des trente glorieuses…
La prise de la Bastille reste le symbole de la révolution française. Un moment fort, qui marque la fin d’une époque. La société sort de l’immobilisme où l’avait enfermé l’ancien régime, et part sur de nouvelles bases. C’est un scénario de ce type dont nous aurions besoin, la guillotine en moins, bien sûr.
Le développement durable est le terme qui résume cette recherche d’un monde nouveau. L’équivalent des « Lumières » du XVIIIe siècle. Une période à risque, mais le risque suprême est de ne rien changer, et de se voir un beau jour confronté à des problèmes insurmontables. Les facilités qu’offrait la croissance nous ont conduits à contracter des dettes sur l’avenir, et le tassement de ladite croissance nous met dans l’embarras. Le modèle issu des 30 glorieuses n’est pas « durable », il faut en trouver un autre.La France a tous les atouts pour basculer vers ce monde nouveau. Encore une fois, un souffle de progrès aurait pu partir de notre pays, bien petit aujourd’hui par rapport à ce qu’il était en 1789. Il représentait à l’époque la moitié de la population de l’Europe, il ne pèse plus que 1% de la population mondiale. Il n’empêche, sa culture et sa situation de terre d’échange, entre Nord et Sud, entre continent et océan, donnent à la France une place à part. L’année prochaine, la grande messe mondiale sur le réchauffement climatique se tiendra à Paris, voilà une occasion de repartir d’un bon pied, après les errements des dernières décennies.
Il faut inventer une croissance infinie dans un monde fini. Impossible, direz-vous, et vous aurez raison si on se limite aux ressources matérielles, et que nous mesurons la croissance uniquement à l’aune des consommations de biens matériels. Mais impossible n’est pas français, pour rester dans le ton « cocorico » du 14 juillet. Changeons de perspective. L’objectif n’est plus l’accumulation de biens, mais l’amélioration du bien-être. Et comme pour le capital d’une entreprise, on s’aperçoit alors que l’immatériel pèse plus lourd que le matériel. Celui-ci n’est pas à négliger, mais le talent, l’ingéniosité, la sensibilité peuvent contribuer à créer des richesses bien plus importantes que le pétrole. Les émotions provoquées par le football, pour prendre un exemple dans l’actualité, montre la valeur que peut atteindre ce qui pourrait sembler inutile à des êtres « responsables ».
Une croissance dans les émotions, donc, dans le sport, la culture, les arts, la vie sociale, la qualité. Je ne connais pas le bilan carbone d’une toile de maître : sans doute pas grand-chose. Surement un ratio carbone par euro particulièrement intéressant. Tout comme le plat cuisiné par un grand chef. Des produits sains issus d’une agriculture de proximité, tout frais et de saison, voilà de la valeur créée sur toute une chaine, de la terre à l’assiette, et sans danger pour la biodiversité.
Small is beautifull. La mode est au XXL, aux grandes structures, aux grandes entreprises, aux grandes régions. Pourquoi suivre cette voie qui semble réservée à ceux qui sont déjà grands ? C’est rentrer sur leur terrain, alors que notre génie nous pousse plutôt à des productions de forte personnalité, en petites séries, et de grande qualité. Une vision technocratique favorise les grandes structures, sensées plus productives et plus faciles à contrôler, mais nous savons que la richesse se crée aussi et surtout dans les petites entreprises, modestes mais créatives. A l’heure d’Internet et des réseaux, faut-il encore miser sur des grands groupes plutôt que de favoriser le développement des petites unités, souples, mobiles motivées, entreprenantes, interconnectées ?
Tout ça est bien beau, pourriez-vous objecter, mais le bien-être passe aussi par des biens matériels : des maisons confortables, des commodités de déplacement, des matériels électroniques, et bien d’autres choses.
La Haute qualité environnementale développée pour les constructions nous apporte des éléments de réponse. L’erreur a été souvent commise de croire que la HQE pouvait faire le projet. C’est exactement l’inverse, elle est au service du projet. Elle prend en charge le secondaire, l’intendance, pour laisser la créativité du concepteur se concentrer sur le projet, la nature profonde de l’ouvrage, la manière dont il répond à une attente, à un besoin social. La qualité consiste alors à ne pas rater cette intendance, qui n’est pas l’essentiel, il s’en faut, mais dont la défaillance entrainerait inéluctablement le déclassement de l’ouvrage. Des démarche « qualité » permettent d’atteindre des objectifs ambitieux en terme de qualité architecturale et de qualité de vie tout en réduisant les impacts sur l’environnement. Sortir de la contradiction « par le haut ». Plus de bien-être en consommant moins. Une vraie révolution. Vive le 14 juillet.
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