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fondamentaux du DD

Problème

problemeUn problème mal posé trouvera difficilement sa solution. Une erreur fréquente est de se tromper de cadre pour aborder la question. Un cadre trop étroit confine aux solutions déjà explorées, alors qu’à l’inverse il faudrait s’en affranchir, pour innover.

La recherche de solutions innovantes dépend souvent du cadre où l’on examine le problème. C’est l’étroitesse de ce cadre qui freine la créativité, l’empêche de s’exprimer, et en enferme les acteurs dans un carcan stérile. Le développement durable nous conduit souvent à reposer la question à traiter, en cherchant le bon cadre pour comprendre ce qui se passe et comment trouver les voies de progrès. En ces périodes de réformes tous azimuts, le choix du cadre de réflexion est déterminant.

De nombreux exemples ont été apportés dans le blog pour illustrer l’importance de la manière de poser le problème. On ne parle plus de politique de transports, mais de mobilité. Quelle mobilité, pour quoi faire, quelles modalités, etc. La question du transport, de personnes ou de marchandises, est ainsi intégrée dans une approche plus large, où l’utilité sociale est privilégiée. Le « pourquoi » précède le « comment », la question précède la réponse. C’est logique, direz-vous, mais ce n’est pas toujours le cas. La politique de l’offre, le prestige de la solution, de la technologie, ou la puissance de conviction des constructeurs et autres équipementiers, ont souvent conduit à aller droit aux réponses sans s’interroger sur la pertinence de la question. Sans parler des situations de départ, qui ont structuré les pensées, les emplois et les équipements, et qui résistent à toute remise en cause.
L’exemple de l’alimentation a également souvent été abordée dans ce « dictionnaire ». La politique traditionnelle s’intéresse plus aux producteurs, les agriculteurs, qu’à la manière de manger, au « bol alimentaire », à la santé des consommateurs. Le ministère de l’agriculture a souvent été perçu comme le « ministère des agriculteurs », et l’ajout du mot « alimentation » au titre du ministère n’est pas convaincant. En mangeant mieux, il est possible de remonter la filière vers les producteurs, qui s’en porteront aussi bien mieux. Dans le même esprit, les biocarburants ont souvent été abordés comme une planche de salut pour les agriculteurs, malgré des rendements très faibles pour ceux de première génération. Il vaut mieux partir des besoins et des services rendus pour construire une politique que des différentes manières de prolonger une situation et des pratiques existantes. C’est plus satisfaisant et cette approche apporte plus de sécurité aux producteurs que tous les artifices et interventions de sauvetage. A condition toutefois de rémunérer tous les services rendus, y compris ceux « hors marché » comme la maitrise du régime des eaux et le stockage de carbone.
La question des retraites est un autre exemple de problème mal posé. Trois paramètres ont été identifiés, et restent le cadre du débat : le montant de la cotisation, l’âge du départ à la retraite (ou la durée de cotisation), et le montant des pensions. Nous restons ainsi dans l’esprit de 1945, où la proportion de personnes âgées était faible, et la durée de vie plus courte. La véritable question aujourd’hui est la transition démographique à laquelle nous assistons. Moins de jeunes et plus de vieux. La question est très vaste, sociétale autant qu’économique, et l’aborder par l’unique aspect « retraite » ne permet pas de trouver des solutions durables. C’est la place des personnes âgées dans la société qui est le cœur du débat, et on n’en parle pas. Les vieux ne sont-ils que des assistés, que l’on récompense de leurs services passés, ou bien sont-ils encore des membres actifs de la collectivité, avec des apports, une forme de production qui enrichit le pays ? La distinction actif/inactif est largement artificielle, les « vieux » apportant à la société de nombreux services, au profit de leurs familles ou de leur communauté, sans parler de ceux qui conservent une activité marchande. Leur contribution n’est pas d’ordre monétaire, dans de nombreux cas, mais elle n’en a pas moins de valeur : Sans les associations caritatives, par exemple, combien de personnel supplémentaire faudrait-il pour assurer le secours à la misère dans notre pays ? L’équilibre des caisses de retraites ne sera pas obtenu sans changement de cadre, ouvert à des problèmes sociétaux et non strictement comptables. Outre la place des personnes âgées dans une société moderne, pourraient y être inclus quelques considérations sur la productivité du travail, et sur la distribution du pouvoir d’achat pour faire tourner l’économie.
D’autres exemples pourraient être cités, comme l’énergie, abordés sous l’angle de la production alors que ce qui compte ce sont les usages de l’énergie, à quoi elle sert, les services qu’elle nous rend. Ou encore l’éducation, où le rôle de l’école pourrait être inséré dans une approche plus large. Et pour rester dans l’actualité, les prélèvements sociaux : Faut-il les rattacher exclusivement à l’emploi, ou les faire prendre en charge par l’ensemble de la collectivité ?
L’étroitesse des approches traditionnelles ne permet guère la recherche de synergies, et de solutions s’appuyant sur des acquis dans d’autres domaines. C’est en prenant du champ que des solutions originales apparaissent, comme la fonction sociale de la Poste. Sa présence sur le territoire est sa première qualité, qui serait un handicap si elle n’était pas valorisée. Le cadre de référence pour traiter des affaires d’une entreprise se fonde sur ses compétences, exploitées ou non, qui permet de valoriser tout son potentiel ce qui serait impossible dans le cadre étroit de son objet social d’origine. Les « compétences » s’entendent ici au sens large, professionnelles, mais aussi culturelles, institutionnelles, où l’implantation, l’image, l’histoire jouent un rôle déterminant. Une approche utile pour une entreprise, mais aussi pour un territoire ou une collectivité. Ce sont des bilans de compétences, dans ce sens élargi, qui permettent de trouver la bonne manière de poser le problème, pour trouver des solutions. 

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