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fondamentaux du DD

Pacifisme

« La guerre exerce une action intrinsèquement destructrice sur le développement durable » affirme le principe 24 de la déclaration de Rio.
Nous sommes tous, ou presque, des pacifistes. Au sens plein du terme, c’est à dire que nous voulons préserver la paix, nous n’aimons pas la guerre, et nous ne considérons plus que c’est un mode normal de règlement des conflits, et encore moins d’expansion.

Il faut donc éviter les guerres, et pour cela, comme toujours en matière de développement durable, c’est la prise en charge pro active des confrontations, avant qu’elles ne se traduisent en conflit ouvert, de manière à sortir des contradictions « par le haut », et c’est l’action en amont. Il faut éviter de voir se développer les circonstances qui mènent inexorablement à la guerre, et pour cela les déceler le plus tôt possible pour les prendre en charge. C’est ça le pacifisme durable, et surtout pas nier les difficultés avec l’espoir que les conflits se résoudront d’eux-mêmes, ce qui peut arriver mais reste un pari risqué.

C’est l’action préventive, d’ordre essentiellement économique, social, culturel, environnemental (accès équitable de tous aux ressources). C’est la suite logique du principe 24, présentée dans le principe 25 de la déclaration de Rio : « La paix, le développement et la protection de l'environnement sont interdépendants et indissociables ». Le « développement » partagé (comme celui des pays de l’union européenne), l’accès des femmes aux responsabilités publiques, la connaissance réciproque, l’équilibre dans les relations et le respect des autres peuples, des autres cultures, sont autant d’instruments contre les guerres ; la misère, matérielle ou morale, la domination et le contrôle d’un peuple par un autre, les contrats déséquilibrés à répétition, l’apologie de techniques trop faciles à détourner à des fins de puissance et de menace (comme la technologie nucléaire), l’usage immodéré des satellites et des médias mondiaux pour diffuser des messages ou des modèles de vie contraires à certaines cultures, étant à l’inverse des facteurs de conflits.

Mais il arrive que, malgré bien des efforts, les conflits soient inévitables, toute forme de médiation semblant dépassée. C’est la situation que l’on a connue, par exemple, dans l’ex-Yougoslavie. C’est l’échec du pacifisme : on n’a pas su traiter les problèmes en amont, alors qu’on les voyait venir. Il faut savoir le reconnaître et organiser une guerre, car nier l’échec de l’action préventive n’est pas du pacifisme, mais de l’aveuglement. Comment rester « pacifiste » malgré tout, tout en prônant une intervention armée ? Une contradiction majeure à surmonter, dans l’esprit du développement durable.

La réponse réside dans la conception de l’intervention, et par suite dans la manière de la mener, en s’appuyant sur deux considérations inséparables : tout d’abord il s’agit d’une opération de police, pour faire cesser des agressions, ou faire respecter des droits, dont la légitimité ne peut venir que du caractère multilatéral de la décision d’intervenir. Les concepts de vengeance, de représailles, de justice administrée par soi-même, ne peuvent entrer dans ce cadre, mais il faut des forces de police internationale, aisément mobilisables, qui constituent ainsi un instrument du pacifisme. Ensuite, la guerre se mène en pensant sans cesse à l’après-guerre. Il y a une vie après la guerre, et le pacifisme consiste à ce que la guerre et les accords qui les concluent ne contiennent pas en eux la source de conflits futurs. Rancoeurs et humiliations, asservissement économique ou moral ne peuvent que miner toute forme de paix. A la guerre doit succéder la réconciliation. La comparaison des deux grandes guerres du XXème siècle est éloquente à cet égard. Les sanctions et l’humiliation infligées à l’Allemagne en 1918 ont créé les conditions de la guerre de 1939, alors que la politique de reconstruction commune mise en place en 1945 a assuré une paix durable en Europe, une paix qui n’était pas évidente à l’époque.

L’objectif de l’opération de police n’est donc pas la victoire d’un camp, mais l’éradication de facteurs de conflits. « Vae victis », malheur aux vaincus, proclame le chef gaulois Brennus au terme de sa victoire à Rome, en 390 avant Jésus-christ. Quatre siècles plus tard, Vercingétorix n’a pas dû apprécier.

On dit parfois qu’il faut gagner la paix. Oui, mais c’est pendant la guerre que tout se joue. Le pacifisme moderne, « durable », n’est pas un refus sans nuance de toute intervention armée, celles-ci pouvant constituer un recours ultime face à une situation que l’on n’aurait pas su éviter. C’est une autre manière de décider de l’opportunité d’une guerre, et de la mener.

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