Mode d’emploi
Le mode d'emploi du développement durable n'est pas écrit dans le marbre. Ce serait plutôt à chacun de l'écrire à partir de ses propres expériences. Comme une culture populaire, qui se transmet "naturellement" deans la vie quotidienne.
La vie mode d’emploi, chacun s’en souvient, on pourrait dire aussi 2007, mode d’emploi, pour être en phase avec l’actualité, en ce mois de janvier.
2007, année d’élections en France, mais aussi d’évènements de toutes natures : ils se passent dans le monde, conflits, famines ou grandes découvertes, mais pour chacun, ils sont aussi important à une toute autre échelle, son petit quartier, son univers où l’un doit quitter le cocon familial, où mon enfant va naître, ou tel jeune doit passer un examen important ; c’est aussi l’année du départ à la retraite, ou bien d’une opération chirurgicale, d’un voyage attendu pendant des années, etc. L’année revêt des formes multiples, avec des enjeux superposés, sur lesquels les possibilités d’intervention sont variées, de l’incantation au choix volontaire, préparé et pleinement assumé. Le mode d’emploi durable, tout droit décliné du rapport Bruntland, c’est la manière de répondre aux exigences de 2007 sans réduire nos possibilités de faire face à celles des années suivantes, et même en renforçant les chances d’y parvenir convenablement.
On a vu que des Recettes peuvent rendre des services, mais il n’existe pas vraiment de mode d’emploi de la durabilité.
On connaît le mode d’emploi de sa voiture, donné par le code de la route pour les règles générales, et par le livret fourni avec la voiture, sans parler des conseils des garagistes. C’est un objet technique, qui suppose un savoir faire, comment se servir des clignotants, des phares antibrouillard, comment faire pour changer une roue, et puis maintenant avec le GPS, comment trouver son chemin, le meilleur si possible, et puis l’entretien, on n’a plus besoin de soulever le capot, tout est électronique, etc. Il faudrait y ajouter un code de la rue, qui apparaît aujourd’hui nécessaire pour proposer un savoir vivre ensemble, notamment en ville où nous sommes nombreux à se partager une voirie très encombrée.
On a aussi le mode d’emploi pour la chaîne hi fi, l’ordinateur, le téléphone portable, toutes ces prothèses sans lesquelles nous ne saurions plus vivre.
Les choses plus simples échappent à cette règle. On n’a pas besoin d’un mode d’emploi pour son logement, pour faire ses courses, pour sa santé au quotidien, etc. l’improvisation semble la règle, sans besoin d’apprentissage, ni de guide ni de contrôle régulier pour vérifier que tout va bien. Pas de mode d’emploi pour le savoir vivre en société, si ce n’est pour échapper aux PV, aux sanctions que les dérèglements nous valent.
La vie durable, mode d’emploi, un livre qui n’est pas écrit, mais essentiellement des pratiques courantes. C’est en définitive une culture au sens d’habitudes de comportement qui domine, la question étant de savoir si cette culture conduit à la durabilité, ou nous en éloigne.
Ce sont les habitudes alimentaires, et l’hygiène de vie. Les exemples classiques sont la consommation d’haricots verts ou de fraises en plein hiver, ou le réglage du thermostat à 25° en hiver, alors que l’été on met la climatisation pour obtenir une température de 20° seulement. Ce sont des règles simples, comme éteindre la lumière en quittant une pièce, ou acheter des cahiers en papier recyclé pour ses écrits courants et le brouillon des enfants.
Ces règles sont évoquées dans des livres, des almanachs, des magazines, elles sont parfois enseignées à l’école, mais leur transmission n’est pas automatique. La culture de la vie quotidienne ne fait pas, au fond, l’objet d’un mode d’emploi qu’il faut lire, comprendre et intérioriser, mais d’un apprentissage spontané, par imitation de parents ou des « grands », compagnonnage, tentative d’intégration à un groupe dont les comportements sont adoptés sans même y penser.
On a bien essayé de proposer aux nouveaux arrivants dans une maison une sorte de guide, de mode d’emploi de leur logement, et ça peut être fort utile si des innovations techniques ont été incorporées dans la construction, comme du chauffage solaire. Mais il n’y a pas de permis d’habiter comme de permis de conduire, il n’y a pas de points à perdre, et ces expériences ne se sont pas révélées concluantes. Les dépenses évitées ne se voient pas, il faut les calculer, et c’est souvent difficile. Le carnet de santé des personnes n’a pas eu non plus le succès escompté, tout juste fonctionne-t-il pour les nourrissons, et peut-être le chat de la famille, dans les meilleurs des cas.
C’est donc une « culture populaire » qu’il faut activer, celle qui se transmet par les familles, la presse, les milieux sociaux ou professionnels. La diversité des cultures dans un pays comme le France ne rend pas la chose aisée, et il est vrai que les médias s’intéressent plus aux problèmes qu’aux solutions, à l’exception notoire de la presse féminine, la presse du jardinage, du bricolage, bref de la vie pratique. Mais la force des enjeux est bien là, et la prise de conscience progresse rapidement.
Il convient à présent de transformer l’essai, et de permettre à chacun, du simple citoyen au dirigeant politique ou d’entreprise, d’adopter de fait son propre mode d’emploi du développement durable, et de le mettre en pratique dès 2007. Une bonne résolution en ce début d’année.
Chronique mise en ligne le 22 janvier 2007
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