Château
Nous allons parler d’eau, non pas de château La pompe, l’eau du robinet, mais d’eau chaude, au robinet et celle que l’on jette après usage avec toutes ses calories. Il s’agit du ménage de l’eau et de la chaleur.
Le château d’eau. Emblème de nos campagnes, fierté pour une génération d’élus qui offraient ainsi l’eau de la ville à leurs concitoyens, il n’inspire plus aujourd’hui de sentiment de modernité.
Certains sont condamnés, et détruits au profit de techniques plus récentes. Ils sont parfois transformés en restaurants panoramiques, et même en logements. Ceux qui restent sont affublés d’antennes pour le téléphone mobile. Ce sont des réemplois d’ouvrages, ou des utilisations plus intenses, applaudissons ces initiatives.
En voici une nouvelle, à l’étude aujourd’hui, qui nous rappelle un peu le miracle évoqué sur ce blog au sujet des toits d’église changés en capteurs photovoltaïques. Il s’agit ici d’eau chaude, à utiliser pour elle-même ou pour le chauffage. Nous sommes à Montreuil (93), où le château d’eau du Bel Air, inutilisé depuis 5 ans, est repris par la Ville. Un cabinet d’ingénierie propose de le transformer en un immense cumulus, réservoir d’eau, chauffée non pas à l’électricité mais au soleil. Plus haut que tous les immeubles environnant, le château d’eau pourrait être équipé de capteurs thermiques de bonne efficacité, et la forme du réservoir présente une compacité très favorable pour le maintien de la température de l’eau. Le projet prévoit l’installation de 500 m² de capteurs thermiques. Le chauffage de 65 logements neufs pourrait être assuré par cette source de chaleur venue d’en haut, ainsi que la distribution d’eau chaude pour 200 logements réhabilités. La forme du réservoir lui permet de conserver l’eau chaude jusqu’en hiver, moyennant une isolation analogue à celle d’un immeuble de logement. Une affaire à suivre.
Une autre innovation, est à signaler, la récupération des calories contenues dans les eaux usées, celles de nos bains, de nos douches, de notre cuisine. Nouvelle pour la France, cette technique est fréquemment utilisée dans d’autres pays, comme la Suisse, dont elle est originaire, l’Allemagne et l’Autriche. Elle part d’une observation simple. Les eaux rejetées sont plus chaudes que l’air ambiant en hiver, et plus froides en été. Cette différence de température permet de récupérer de l’énergie pour faire du chaud ou du froid selon les saisons, avec le concours d’une pompe à chaleur. Résultat : une économie d’énergie et d’émission de gaz à effet de serre de l’ordre de 50%. On récupère bien l’énergie contenue dans les déchets, pourquoi pas celles de cet autre résidu de la vie urbaine que sont les eaux. Nous sommes bien dans la logique de la cascade. Une ressource se dégrade fatalement, mais exploitons au mieux chaque étape de cette dégradation, et faisons la durer, pour en tirer le maximum de profit avant son élimination finale.
Notons que cette technique exige, pour fonctionner dans de bonnes conditions, un débit minimum d’eau usée, correspondant à une population de 6 à 8000 habitants. Voici donc les villes, bien gourmandes en énergie, capables d’en restituer un peu, c’est toujours ça de gagné. Ajoutons cette ressource à la fermentation des déchets par exemple, et à quelques capteurs d’énergie renouvelable, géothermie, capteurs thermiques et photovoltaïques, et quelques éoliennes, et ça commence à compter. Allons, commençons avec un château d’eau solarisé, et l’énergie des effluents récupérée, ça donnera l’envie d’en faire plus encore. Et ça en donnera les moyens, avec les économies réalisées !
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