Biomasse
Parmi les sources d’énergie renouvelables, la biomasse est souvent oubliée, au profit des petites dernières, photovoltaïque et éoliennes. C’est pourtant la plus importante en termes quantitatifs, et sans doute beaucoup plus dans une vision écologique élargie.
La nature est généreuse. Quand elle se sent libre, elle produit énormément, bien plus que quand nous voulons la maîtriser, l’enfermer dans un cadre étroit. C’est la biomasse. Elle est composée d’organismes très variés, unicellulaires et bactéries, de végétaux et d’animaux. Une immense variété. Cette générosité est toutefois foisonnante, et nous met dans l’embarras. Nous tentons alors de domestiquer la nature, de sélectionner ce qui nous intéresse dans toute cette masse. L’agriculture n’est rien d’autre qu’une manière de valoriser cette exubérance. Pourquoi pas, à condition qu’elle ne conduise pas à la disparition des espèces non exploitées, ce qui, hélas, arrive souvent. La biodiversité, notre patrimoine biologique, en s’appauvrit d’autant.
La biomasse est aussi valorisée pour la production d’énergie. Une ressource traditionnelle, du bois à la bouse de vache, et qui connait aujourd’hui un regain d’intérêt et des formes nouvelles. Sur le site du ministère de l’Environnement, on lit que « La biomasse énergie, comprenant la production d’énergie à partir de biomasse solide, de biomasse gazeuse ou de biomasse liquide/biocarburants, est la première source d’énergie renouvelable en France. Ces filières sont appelées à prolonger et amplifier leur développement. »
La première forme de biomasse exploitée pour l’énergie est le bois, touché par un mouvement impressionnant de modernisation, avec des progrès considérables sur les rendements. L’ancienne chaufferie ou la cheminée ouverte sont remplacés par des chaudières ou des poêles très performants, qui transforment en chaleur 90% de l’énergie stockée dans la biomasse. Un point sensible est l’approvisionnement. D’une part, la filière bois n’est pas toujours à la hauteur de la demande, et d’autre part, le prélèvement à opérer pour l’énergie ne doit pas pénaliser les autres fonctions de la forêt et sa capacité à se régénérer. La production destinée aux biocarburants est confrontée au même problème : elle ne doit pas compromettre d’autres utilités, que ce soit en termes de biodiversité ou de concurrence avec d’autres usages, notamment l’alimentation.
Un des intérêts de la biomasse est qu’elle est souvent un coproduit, voire un sous-produit ou même un déchet. Son exploitation est alors une valorisation complémentaire, qui, en outre, résout le problème de résidus. Ce peut être des effluents d’élevage comme des boues de stations d’épuration ou des déchets organiques. La biomasse entre alors dans une logique d’économie circulaire, et conforte d’autres activités, notamment l’agriculture, comme il est décrit dans la note « gaz », publiée dans ce blog en septembre 2006.
Les techniques se sont améliorées et étendues depuis. Voici par exemple un ensemble de 298 communes autour de Forbach, en Moselle, et son syndicat de transport et de traitement de déchets organiques, le SYDEME. 385 000 habitants. Ce sont 45 000 tonnes de « biodéchets » qui sont méthanisés chaque année, ce qui permet, outre l’injection de biométhane dans le réseau, et la fourniture de carburant à des parcs de poids lourds et d’utilitaires légers, de produire de la chaleur et de l’électricité. Les résidus, que l’on appelle les « digestats », retournent à la terre comme engrais (1).
Autre exemple, en Bretagne, plus précisément à Liffré, ville de 7 300 habitants au nord de Rennes. Le point de départ est une exploitation agricole, le GAEC du Champ Fleury. De l’élevage, et par suite du lisier. La méthanisation a permis de créer une véritable dynamique locale, car il fallait réunir plusieurs ingrédients : aux 6000 tonnes de lisier sont venues s’ajouter 1500 t de fumier, 3000 t de marc de pommes d’une cidrerie, de 700 t de tonte de pelouse (apportées par un paysagiste, la commune et deux déchetteries). 70 « normaux » m3 sont injectés chaque heure dans le réseau GrDF. Une belle opération d’animation territoriale, faisant intervenir de nombreux acteurs, publics et privés. Sans parler des économies pour la commune et le syndicat local de traitement des déchets (2).
La biomasse est une source de bienfaits, et il faut la ménager. Elle représente une immense capacité de stockage de carbone, et le milieu où se développe la biodiversité. Elle apporte à la production d’énergie renouvelable un élément déterminant : la maniabilité. Il est souvent fait reproche aux énergies renouvelable d’être intermittentes. Il leur faut du soleil ou du vent. Cette vision est partielle, et ne concerne que l’électricité produite avec des panneaux photovoltaïques et des éoliennes. La biomasse et l’hydraulique offrent, à l’inverse, une remarquable souplesse d’utilisation, et permettent de fournir d’autres formes d’énergie. La combinaison des différentes énergies renouvelables ouvre le champ du possible.
1 Source : OREE, L’économie circulaire au service de la préservation des ressources et du climat, septembre 2015.
2 Source : Le journal des énergies renouvelables, n° 234, août-septembre-octobre 2016
La nature est généreuse. Quand elle se sent libre, elle produit énormément, bien plus que quand nous voulons la maîtriser, l’enfermer dans un cadre étroit. C’est la biomasse. Elle est composée d’organismes très variés, unicellulaires et bactéries, de végétaux et d’animaux. Une immense variété. Cette générosité est toutefois foisonnante, et nous met dans l’embarras. Nous tentons alors de domestiquer la nature, de sélectionner ce qui nous intéresse dans toute cette masse. L’agriculture n’est rien d’autre qu’une manière de valoriser cette exubérance. Pourquoi pas, à condition qu’elle ne conduise pas à la disparition des espèces non exploitées, ce qui, hélas, arrive souvent. La biodiversité, notre patrimoine biologique, en s’appauvrit d’autant.
La biomasse est aussi valorisée pour la production d’énergie. Une ressource traditionnelle, du bois à la bouse de vache, et qui connait aujourd’hui un regain d’intérêt et des formes nouvelles. Sur le site du ministère de l’Environnement, on lit que « La biomasse énergie, comprenant la production d’énergie à partir de biomasse solide, de biomasse gazeuse ou de biomasse liquide/biocarburants, est la première source d’énergie renouvelable en France. Ces filières sont appelées à prolonger et amplifier leur développement. »
La première forme de biomasse exploitée pour l’énergie est le bois, touché par un mouvement impressionnant de modernisation, avec des progrès considérables sur les rendements. L’ancienne chaufferie ou la cheminée ouverte sont remplacés par des chaudières ou des poêles très performants, qui transforment en chaleur 90% de l’énergie stockée dans la biomasse. Un point sensible est l’approvisionnement. D’une part, la filière bois n’est pas toujours à la hauteur de la demande, et d’autre part, le prélèvement à opérer pour l’énergie ne doit pas pénaliser les autres fonctions de la forêt et sa capacité à se régénérer. La production destinée aux biocarburants est confrontée au même problème : elle ne doit pas compromettre d’autres utilités, que ce soit en termes de biodiversité ou de concurrence avec d’autres usages, notamment l’alimentation.
Un des intérêts de la biomasse est qu’elle est souvent un coproduit, voire un sous-produit ou même un déchet. Son exploitation est alors une valorisation complémentaire, qui, en outre, résout le problème de résidus. Ce peut être des effluents d’élevage comme des boues de stations d’épuration ou des déchets organiques. La biomasse entre alors dans une logique d’économie circulaire, et conforte d’autres activités, notamment l’agriculture, comme il est décrit dans la note « gaz », publiée dans ce blog en septembre 2006.
Les techniques se sont améliorées et étendues depuis. Voici par exemple un ensemble de 298 communes autour de Forbach, en Moselle, et son syndicat de transport et de traitement de déchets organiques, le SYDEME. 385 000 habitants. Ce sont 45 000 tonnes de « biodéchets » qui sont méthanisés chaque année, ce qui permet, outre l’injection de biométhane dans le réseau, et la fourniture de carburant à des parcs de poids lourds et d’utilitaires légers, de produire de la chaleur et de l’électricité. Les résidus, que l’on appelle les « digestats », retournent à la terre comme engrais (1).
Autre exemple, en Bretagne, plus précisément à Liffré, ville de 7 300 habitants au nord de Rennes. Le point de départ est une exploitation agricole, le GAEC du Champ Fleury. De l’élevage, et par suite du lisier. La méthanisation a permis de créer une véritable dynamique locale, car il fallait réunir plusieurs ingrédients : aux 6000 tonnes de lisier sont venues s’ajouter 1500 t de fumier, 3000 t de marc de pommes d’une cidrerie, de 700 t de tonte de pelouse (apportées par un paysagiste, la commune et deux déchetteries). 70 « normaux » m3 sont injectés chaque heure dans le réseau GrDF. Une belle opération d’animation territoriale, faisant intervenir de nombreux acteurs, publics et privés. Sans parler des économies pour la commune et le syndicat local de traitement des déchets (2).
La biomasse est une source de bienfaits, et il faut la ménager. Elle représente une immense capacité de stockage de carbone, et le milieu où se développe la biodiversité. Elle apporte à la production d’énergie renouvelable un élément déterminant : la maniabilité. Il est souvent fait reproche aux énergies renouvelable d’être intermittentes. Il leur faut du soleil ou du vent. Cette vision est partielle, et ne concerne que l’électricité produite avec des panneaux photovoltaïques et des éoliennes. La biomasse et l’hydraulique offrent, à l’inverse, une remarquable souplesse d’utilisation, et permettent de fournir d’autres formes d’énergie. La combinaison des différentes énergies renouvelables ouvre le champ du possible.
1 Source : OREE, L’économie circulaire au service de la préservation des ressources et du climat, septembre 2015.
2 Source : Le journal des énergies renouvelables, n° 234, août-septembre-octobre 2016
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