La nature à la portée de tous aurait pu être le titre de cette nouvelle collection des éditions Tana « Les carnets du scarabée ». Il est vrai que la culture naturaliste des Français est bien faible par rapport à celles de nos voisins comme les Britanniques par exemple, et cela malgré la présence sous nos yeux d’une richesse biologique exceptionnelle. La situation de la France hexagonale, à l'extrémité d’un grand continent, lui permet de bénéficier d'influences continentale, méditerranéenne, Atlantique et septentrionale, et d'être une zone de contact de ces influences, avec comme résultat une richesse botanique et zoologique remarquable : « près de 100 000 espèces animales et végétales s'épanouissent sur notre territoire, du sommet des montagnes au littoral, dans les lacs ou les rivières impétueuses, les forêts d'altitude ou les bocages, les froides tourbières ou les garrigues ensoleillées ». Une richesse que nous connaissons mal. Non seulement nous n'en profitons pas mais nous la mettons en danger par insouciance et ignorance.
Deux livres qui entrent dans une bibliographie déjà bien fournie sur la « ville durable » ou les « écoquartiers » (1). Les deux s'accordent d'emblée sur un constat : le rôle clé du partenariat. Tous les acteurs de la ville sont invités à participer à la construction pour l'un, à l'invention pour l'autre, de la ville durable. Le « Constructeur », d'ailleurs pressé car il veut faire plus vite. C'est un livre collectif, plusieurs organismes, plusieurs acteurs, et un déclencheur, l'appel à projet national « démonstrateur industriel pour la ville durable », DIVD, lancé en 2016 par les ministères de l'écologie et du logement. Un ouvrage orienté vers la manière de faire, évidemment collective. Nous entrons dans la fabrique de la ville durable.
Si vous avez trois sous à investir, ce livre est fait pour vous. Idem si vous en avez plus. L’objectif de ce petit (100 pages en gros caractères) livre est « d’exposer et clarifier les solutions proposées en réponse à la quête de sens des épargnants ». Il est vrai que la grande presse nous aide souvent à nous y retrouver pour « consommer responsable », et qu’il est plus difficile de trouver des conseils équivalents pour bien investir notre épargne. Les banquiers sont rares à vous entraîner sur ce terrain, malgré une demande sociale en hausse, et l’intérêt que chacun peut y trouver. L’observation des résultats montre en effet que la recherche de bénéfices sociaux et environnementaux est favorable aussi en termes financiers, même si ces conclusions ne peuvent pas être extrapolées. « Pour l’entreprise, la prise en compte des effets induits par son activité sur l’environnement naturel, sur ses propres ressources humaines, sur les zones dans lesquelles elle est implantée, est un moyen de renforcer sa performance globale ».
« La transformation écologique du monde nécessite une nouvelle spiritualité ». Un nouvel imaginaire, un nouveau mental pour reprendre un point essentiel des Trois écologies de Félix Guattari. Les religions sont directement impactées par cette nécessité, de manière active, en contribuant à l’émergence de cette spiritualité, ou passive en en subissant les conséquences.
Le plastique est tellement commode et économique qu’il a envahi la planète. Il est présent partout, dans les sols et dans la mer, et provoque bien des drames, soit par ingestion directe, soit par des produits toxiques qu’il contient, et qui se diffusent à la suite de sa décomposition. C’est le cas du phtalate, un perturbateur endocrinien, à partir du polychlorure de vinyle, par exemple. Et en plus, les plastiques durent longtemps, ils restent des années dans la nature. Le « dictionnaire du développement durable » a déjà présenté des livres sur ce sujet (1). En voici un autre, destiné à tous les amoureux des jardins.
Joseph E. Stiglitz et Bruce C. Greenwald Les liens qui libèrent, novembre 2017
Voilà un livre paradoxal. D’un côté un aspect très professoral, un livre issu d’une série de conférence pour des économistes chevronnés ; et de l’autre, la confirmation de nombreuses idées que chacun peut avoir spontanément, comme l’importance de l’apprentissage dans nos sociétés en perpétuelle évolution. Et ça fait du bien de voir ainsi confortées des hypothèses empiriques, qui passent ainsi d’un statut de « croyance » à celui de vérités scientifiques
Voici un livre qui aurait dû être lu par les candidats à l’élection présidentielle, tant nous avons entendu de contre-vérités au cours de ces derniers mois. L’essentiel sur ce sujet vital (au sens plein du terme) en 170 pages format poche, facile à lire entre deux rendez-vous ou dans le train. Une bonne base que chacun pourra compléter en fonction de ses préoccupations, par exemple avec le Journal des énergies renouvelables (1), qui vient de publier un hors-série sur l’agriculture et les énergies renouvelables.
« Et si l’aménagement était la variable d’ajustement de l’environnement et non l’inverse ? » résume bien l’esprit de l’ouvrage. Aller au-delà d’une approche défensive, où il est d’usage d’aménager en tentant de ménager l’environnement, avec l’idée implicite que « le laisser faire serait donc contraire à la notion d’aménagement ». L’auteur constate que les espaces naturels sont « rarement envisagés comme des espaces de développement ». Faudrait-il considérer le sauvage comme un « équipement » pour qu’il ait droit de cité ?
Tout faux ! Nous sommes infectés par des idées reçues qui nous empêchent de bien penser. Il est vrai que les questions environnementales sont complexes, avec les nombreuses interférences entre phénomènes, les effets « rebond » et les inconnues dont nous découvrons progressivement l’étendue et les effets. Ajoutons une bonne couche d’économie et de social, avec toutes les « idées reçues » qu’elle colporte, voilà une bonne excuse pour expliquer notre aveuglement. Renaud Duterne tente d’éclairer notre lanterne en « déconstruisant » nos raisonnements habituels, de ceux du café du commerce à tous ceux qui nous sont proposés par les experts mobilisés par les télévisions.
Règlements et normes diverses sont souvent accusés de brider la créativité et, par suite, de conduire à l’uniformité, mère de l’ennui comme chacun sait. En matière d’aménagement, le résultat est la ville chiante, pour reprendre le mot clé du titre.
Il s’agit d’un manuel universitaire, dont l’intérêt dépasse largement le milieu universitaire. Tout ce que vous vouliez savoir de l’économie écologique sans oser le demander.
L’économie écologique est une branche hétérodoxe de l’économie. Elle se distingue par le rejet de la vision simpliste de « l’homo aeconomicus », qui ignore le milieu dans lequel ledit Homo se meut, avec les interrelations physiques, biologiques et sociologiques qui influencent son comportement autant que les calculs d’optimisation économique. Elle s’intéresse aux « systèmes socio-écologiques complexes », au-delà de la pensée « simplifiante ». Celle-ci présente de nombreuses qualités, et a permis de nombreuses découvertes, mais elle rencontre des limites qu’il faut dépasser aujourd’hui. L’économie écologique veut sortir « des impasses des approches économiques traditionnelles (qu’il s’agisse des approches néoclassiques ou marxistes) lorsqu’il s’agit de traiter des ressources naturelles et de l’environnement ». Elle se présente comme « la science de la gestion de la soutenabilité ».
Un livre qui dérangera effectivement les dogmatiques et tous ceux qui aimeraient que « rien ne change », les conservateurs de tous poils. C’est le livre d’un des premiers animateurs du mouvement écologiste, qui fait le point sur ce qu’est devenu ledit mouvement, et en propose une vision moderne, débarrassée des certitudes du passé. Un nouveau mode de penser, pour « construire une nouvelle période de notre histoire, celle de la sortie en quelques décennies des énergies fossiles et, pour cela, mettre en place de nouveaux moyens ».
En lisant ce livre, j’entendais chanter Yves Montand « en attendant son carrosse ». « L’enfant est un faiseur de monde ». Il s’agit en effet de l’enfance, celle de l’auteur notamment, avec ses souvenirs et ses expériences, revisitée avec l’aide de nombreux auteurs, Gaston Bachelard au premier chef. « Toute l’enfance assemble les endroits dans lesquels elle se déroule, c’est dire l’importance des territoires que l’enfant arpente, découvre, subit, apprécie. (…) C’est dans ce pays qu’il cultive deux autres qualités, échanger avec autrui (établir des liens, faire avec, partager, se détacher, rompre etc.) et activer ses six sens (l’ouïe, la vue, l’odorat, le goût, le toucher et le mouvement) ».
C’est une réorganisation profonde de nos sociétés et de nos économies que Pierre Veltz nous propose. Un livre « qui ouvre des perspectives ». Le constat est bien connu : continuer comme avant nous mène à la catastrophe, arrêter n’est pas socialement envisageable, il faut donc trouver des « trajectoires de changement ». L’auteur nous l’assure : « Les issues seront multiples, expérimentales, chaotiques sans doute par moment ». Quatre positions de départ pour la recherche de « l’économie désirable » : « Il faut composer avec le monde tel qu’il est », « il existe des marges de manœuvre », « il est crucial de retrouver une perspective positive, de construire le récit d’une économie désirable », « il faut sortir de l’illusion selon laquelle l’accélération de la transition serait d’abord une affaire de moyens et de volonté politique pour dégager ces moyens ».
Il n’y a pas que la puissance publique et les grandes entreprises qui peuvent réagir face au changement climatique, chacun d’être nous peut le faire et notamment tous ceux qui possèdent un jardin. Tout d’abord, comment se manifeste le changement dans votre jardin ? Vous pensez aux variétés et à leur adaptation au contexte, il en est souvent question avec les espèces forestières qui montent vers le Nord ou dans en altitude, mais il y a bien d’autres aspects. De nouvelles plantes invasives, qui trouvent de bonnes conditions pour se développer, ou encore de nouveaux ravageurs, ou des anciens qui se sentent plus forts avec des hivers doux, ou des parasites qui bénéficient de l’humidité, comme le mildiou ou l’armillaire. Heureusement, il y a aussi des auxiliaires des cultures qui s’en portent mieux. Espérons que l’expansion des deux parties, les bons et les méchants, s’équilibreront, mais il vaut mieux aider le sort, et favoriser les bons. « Tout jardinier peut agir contre le développement d’organismes nuisibles émergents ou encore ré-émergents ».
Vous connaissez les forces de la nature : Il est beaucoup question aujourd’hui de tempêtes et de tremblements de terre, mais ces « forces » prennent des formes diverses, et s’expriment dans des échelles de temps bien contrastées, de quelques heures pour une tornade à quelques millénaires pour le soulèvement de chaines de montagne et leur érosion. Il s’agit ici « des forces contre lesquelles on ne peut rien ». Georges Feterman nous invite à en faire le tour pour mieux les connaître et en comprendre le sens qu’elles représentent pour nous aujourd’hui, en France.
De nombreux témoins sont cités par Philippe Madec, qui l’ont manifestement accompagné depuis longtemps. Parmi eux, retenons Denis Diderot, cité à propos des architectes : « Ils ne songent point à se demander : quel est l’objet principal de mon édifice ? […] D’où il s’en suit que l’édifice qu’ils construisent est beau, mais qu’il ne convient pas plus à l’endroit où il a été élevé qu’à un autre ». Un enseignement bien retenu par Philippe Madec, pour qui « le projet d’architecture ne se résume pas à la mise en œuvre de techniques et de matériaux. Il associe des ambitions sociales et culturelles à un climat et une économie locale ». Ce livre « ouvre un chemin », issu l’expérience et des convictions de l’auteur, résumées dans l’expression frugalité dont il est un des promoteurs. Après un historique de l’évolution récente de l’architecture et une critique du « modernisme » et des excès commis en son nom, Philippe Madec retourne aux fondamentaux. Heidegger l’y incite en posant la question « Que veut dire maintenant bâtir ? Le mot du vieux-haut-allemand pour bâtir, buan, signifie habiter ». Il s’agit donc d’habitabilité, à décliner à l’échelle globale, de la planète, comme à l’échelle de proximité, de la vie quotidienne. Le recours au vivant est une des clés pour y parvenir. « Il est scélérat de ne pas prendre en compte la diversité du milieu ». Milieu au sens large, y compris le climat, l’histoire et la géographie, sans oublier « d’enrôler la culture ». Une « vision holistique, sociale, culturelle, spatiale, technique. Il s’agit de pratiquer un audit global, bien au-delà de la seule approche énergétique et structurelle ». Un audit destiné à faire naître un projet partagé, qui « fait autorité ». Une démarche nécessaire pour que « les peurs face au changement que représente le projet s’apaisent, et que la collaboration s’installe ». Un partage fructueux. « Tous les exemples témoignent d’un accroissement de la pertinence du projet, y compris formelle ». Il s’agit donc « d’aimer le déjà-là ». La réhabilitation plutôt que la table rase, et le réemploi pour les matériaux. Les éléments de contexte sont au cœur du projet. « Le recours durable aux ressources locales accroît l’hétérogénéité pertinente de cette architecture profondément influencée par son contexte aussi bien physique, géographique, climatique que culturel ». Le mode d’emploi suit l’exhortation. Philippe Madec décline la manière de mettre le contexte à profit, notamment les éléments naturels. Il s’agit ici des matériaux, biosourcés, locaux, issus de traditions réactivées et modernisées ; là de l’eau, de l’air, du soleil, du climat ; plus loin du bon usage du temps et de l’espace. Le biomimétisme et l’architecture bioclimatique sont bien sûr de la partie, la nature est omniprésente. « Mieux avec moins ». Philippe Madec en est convaincu : il n’y a pas « d’autre programme d’avenir ».
La revitalisation de la campagne est un enjeu majeur d’aménagement du territoire, mais aussi de lutte pour la biodiversité et contre le réchauffement climatique. Elle répond aussi à un besoin pour ses habitants traditionnels et pour les nouveaux arrivants. Contrairement aux idées reçues, la population rurale augment globalement en France depuis une trentaine d’années. Le bonheur est dans le pré !
Un livre d’histoire naturelle, comme on disait avant, un livre passionnant. Il est présenté « à partir de 9 ans », et il fera en effet un très beau cadeau pour les enfants, mais, tel Tintin, il peut être lu « de 9 à 99 ans », avec le même émerveillement.
Les vieux écolos sont parfois agacés devant une absence de culture environnementale des nouveaux militants. Beaucoup d’entre eux ignorent l’histoire d’un mouvement multiforme, avec des succès et des échecs, dont il serait bon de tirer les enseignements. La publication de ce livre rendra cette carence inexcusable.
Un livre écrit par un physicien et professeur, et qui témoigne des vertus de ces deux qualités. Il offre une bonne synthèse de l’état des lieux sur le climat, et sur l’état des techniques et des solutions disponibles pour relever le défi. Dommage que le discours soit pollué par ce qui se révèle comme une obsession, la surpopulation mondiale. Evidemment, la question démographique est pertinente, et elle est sans doute insuffisamment évoquée, mais elle est ici traitée avec trop de passion pour conserver le caractère scientifique dont l’auteur fait preuve dans d’autres domaines.