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Le prix de la frilosité

La Turquie se replie sur elle-même, et se dote d'un régime autoritaire. La peine de mort est évoquée dans cette dérive qui semble implacable. Et pourtant, la Turquie du football est européenne, tout comme Chypre et Israel, la Turquie de la chanson est membre de l'Eurovision, toujours comme Chypre et Israel. La Turquie est associée à l'Union Européenne depuis 1963 et a posé sa candidature d'adhésion en 1987, candidature acceptée en 1999, avec les négociations qui ont suivi et ont connu de nombreux avatars.

Un mouvement d'opposition à l'élargissement de l'Europe à la Turquie s'est manifesté. Deux raisons peuvent être évoquées : La première est légitime, l'inquiétude devant la rapidité de l'élargissement à de nouveaux pays, avant que le socle et les institutions de l'Union n'aient été consolidés. L'élargissement ne semblait pas suffisamment maitrisé, et la Turquie a été victime de cette constatation. La seconde raison est plus discutable. C'était l'ouverture vers l'Asie, avec des populations différentes, de moeurs, de mode de vie et de religion. Une forme de diversité aurait été introduite en Europe. Cela aurait pu être une source de richesse, une occasion de dialogue au profit des deux parties. Les échanges étaient bien engagés. C'est la frilosité qui l'a emporté, la peur de l'autre. Les atermoiements qui se sont multipliés et les déclarations d'hostilité ont été perçus comme une manifestation de défiance et de rejet, et le balancier des réformes en cours en Turquie a entamé un mouvement de retour en arrière, dont nous constatons aujourd'hui l'aboutissement. Le pari de l'ouverture et du progrès partagé n'a pas été tenté, et c'est la régression qui est au rendez-vous. Le développement durable est une recherche de nouveaux modes de développement, et comporte inévitablement une part de risque, comme toute innovation. Mais la frilosité, le refus d'ouvrir le dialogue avec des cultures différentes des nôtres, sont porteurs de risques bien plus graves, de repli sur soi et d'égoismes au moment où il faudrait de l'imagination et une forme de mutualisation de l'exploration des avenirs possibles, pour que les avancées profitent à tous, et que les risques soient partagés.

Edito du 19 avril 2017

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